Le pot de Nutella est vide. Il est posé là, sur un dictionnaire déchiré (Le Petit Robert 1967). J'ai refermé son couvercle et posé la cuiller sur le dessus. Un paquet de Pringles git également à quelque distance. Je suis au dernier étage de la petite maison. Je vois donc par la fenêtre le ciel grisâtre, sale, poussiéreux.
Je viens de boire un verre de porto, d'une bouteille rapportée de la Quinta Nova, il y a quelques temps déjà. Je regarde quelques vieilles photos ; étrangement ça ne me rend pas trop nostalgique. Du moins pas mélancolique.
Je lève la tête, et observe une nouvelle fois cette large affiche, héritée de mon grand frère, qui l'avait dans sa chambre de bonne, rue Gay-Lussac : “Kennedy for President. Leadership for the 60s”. Comme je l'ai dit hier soir à mes amis lillois, passés prendre un verre à la petite maison, cette affiche m'a toujours donné du courage. C'est d'elle que je tire un certain optimisme, et une certaine détermination. Non que je m'imagine un jour connaître le même destin, mais simplement, cette illustration historique incarne pour moi l'espoir d'un grand nombre de personnes, et évoque tous les efforts d'une campagne présidentielle, l'élan qu'elle a dû susciter.
Lorsque l'on est un peu amorphe, que le temps semble suspendu, que les livres ornent le bureau à la manière de cadavres sur un champ de bataille, et que le mois de mai est aussi immonde, infâme, déprimant, il est important d'avoir quelques images pour retrouver de la motivation. Il y avait une carte postale, que je tiens aussi de mon grand frère - décidément - reprenant une phrase de Samuel Beckett : “quand on est dans la merde jusqu'au cou, il ne reste plus qu'à chanter”. Je ne suis pas un grand chanteur, mais cette carte me redonnait courage dans les moments difficiles de mes vingt ans (j'aime parler comme un ancêtre). Et, souvent, je chantonnais un peu.
Je vais me remettre à travailler mon mémoire. Cette pause “blog” était en quelque sorte semblable aux pauses "clopes” que je faisais auparavant. Dans un lointain passé. Moins nocive simplement, du moins je l'imagine.
Jolie pause blog, pas nocive pour un poil : Beckett, Katanzakis : même combat : "Quelle catastrophe patron quelle formidable catastrophe" rit Zorba. Mais lui danse plus qu'il ne chante...
RépondreSupprimerA Orsay, le radeau de la méduse, et sur l'horizon, cette petite voile, vue et montrée du doigt par les naufragés : une allégorie de l'espoir.
A chacun son affiche... Je t'embrasse.
Nicolas
Il faut inviter plus souvent ses amis. Moins regarder d'affiches.
RépondreSupprimerm