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Beethoven

Je lis en ce moment une biographie de Beethoven, écrite par Bernard Fauconnier. Je ne suis pas un très grand connaisseur de musique classique, et c'est, je crois, la première fois que je découvre ainsi la vie d'un musicien de cet acabit. J'avais auparavant vu le film Amadeus, sur le destin tragique de Mozart - que je conseille vivement d'ailleurs (non pas le destin, bien sûr, mais le film). Mais ce dernier ne retrace que très partiellement sa vie, et d'un point de vue délibérément romantique. En l'occurrence, le livre que je lis est une biographie sérieuse, précise, détaillée, et qui relate ses sources. 

Beethoven m'a toujours inspiré. C'est un personnage mystérieux, puissant, et proprement génial. Avec les emportements qui vont avec. Un homme habité par une vraie passion. Je l'ai surtout découvert grâce à Kubrick et Orange mécanique.

Je n'ai toujours pas fini de lire cette biographie. Pour le moment, j'ai appris que Beethoven signifiait "champs de betteraves" en flamand - ce qui casse un peu la splendeur de ce nom, sonnant fortement à l'oreille. J'ai appris qu'il n'était pas aimé des femmes, dans sa jeunesse. Elles le trouvaient laid, colérique... Lui les aimait puissamment. Les échecs s'enchaînaient. Il leur écrivait des lettres d'amour sublimes, auxquelles elles restaient toutes indifférentes, et, au mieux, préféraient réaffirmer leur amitié. J'ai découvert qu'il avait rencontré Mozart et Haydn ; qu'il avait admiré Napoléon, avant de haïr sa soif de pouvoir et son impérialisme. 

Beethoven souffrait, comme chacun sait. Mais j'ai pris conscience que sa surdité était surtout un obstacle pour ses relations sociales, plus que pour sa création artistique, ce que j'ignorais. Voici un extrait d'une lettre écrite à ses deux frères, dans laquelle il dépeint sa souffrance : 

"Depuis bientôt six ans, je suis frappé d'un mal pernicieux, que des médecins incapables ont aggravé. Déçu d'année en année dans l'espoir d'une amélioration, contraint pour finir d'envisager l'éventualité d'une infirmité durable, dont la guérison, si même elle était possible, exigerait des années, né avec un caractère ardent et actif, porté aux distractions de la vie en société, j'ai dû, de bonne heure, m'isoler, vivre loin du monde en solitaire. Parfois je voulais bien arriver à surmonter tout cela, oh ! Comme alors j'ai été durement ramené à renouveler la triste expérience de ne plus entendre. Et pourtant il ne m'était pas encore possible de dire aux hommes : parlez plus fort, criez, car je suis sourd. Ah ! Comment pouvoir alors avouer les faiblesses d'un sens qui chez moi devrait être dans un état de plus grande perfection que chez les autres, d'un sens que j'ai possédé autrefois dans sa plus grande perfection, dans une perfection telle que bien peu de musiciens l'ont jamais connue ? 
Oh ! Je ne le peux pas, aussi pardonnez-moi si vous me voyez me tenir à l'écart, alors que je me mêlerais volontiers à vous. Mon malheur est doublement pénible, car par lui je dois devenir méconnu ; pour moi, plus de stimulant dans la société des hommes, plus de conversations intelligentes, ni d'épanchements mutuels. Absolument seul, ou presque, c'est juste dans la mesure où l'exige la plus absolue nécessité que je peux me laisser reprendre par la société ; je dois vivre en banni". 

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