Accéder au contenu principal

Notre besoin de Communication est impossible à rassasier

Ce besoin que nous avons, en permanence, de réagir aux événements - ainsi qu'aux non-événements - de la vie médiatique. C'est assez fascinant. Tous les jours, de nouveaux sujets, de nouveaux trending topics, autant d'aliments que nous ingurgitons pour mieux forger de nouvelles opinions. Pour mieux communiquer, ensuite.

Étrange folie de communiquer

Étrange folie de communiquer - Communiquer sa maladie ! - son opinion - communiquer la vie”, écrivait Paul Valéry dans Tel Quel. “Nos "opinions", nos "convictions" ne sont que nos cruelles nécessités. Notre nature veut que nous pensions quelque chose sur tous les sujets. La constitution politique nous y oblige”.

Il faut avoir un avis sur tout. C'est l'injonction des temps modernes. Les journalistes interrogent tous les jours les acteurs politiques, les artistes, les écrivains, sur ce qu'ils pensent de tel ou tel sujet.

Par conséquent, la puissance se limite de plus en plus à la capacité de certains à maîtriser leurs dossiers. Les duels politiques se construisent sur ces oppositions. Si vous êtes capable de fournir des arguments précis, chiffrés, construits sur les toutes dernières actualités, vous avez de l'avenir. 

Pourquoi penser par soi-même ?

Ce n'est qu'une question d'organisation et de travail, pourtant. Il suffit de se créer des fiches sur chacun des dossiers en cours, avec trois arguments forts, et de les apprendre par cœur. Vous n'avez même pas besoin de penser par vous-même. D'une certaine façon, d'autres auront déjà commencé à faire ce travail, et vous pourrez vous en inspirer tranquillement.


Valéry, toujours : “Notre nature exigeant que nous répondions à toutes les questions qu'elle nous fait croire qui nous sont posées ; elle veut aussi que nos réponses nous soient chères comme venant de nous. Le contraire serait plus sensé”. 

Pour être tout à fait honnête, je suis le premier à être impressionné par les Hommes qui parviennent à construire une réponse intelligente, quelle que soit la question posée. Au cours de mon stage au Monde, j'avais été bluffé par Éric Fottorino. Il semblait capable d'approfondir sérieusement chacun des dossiers de chacun des chefs de service du Journal. Autrement dit, il pouvait avoir une discussion solide sur l'actualité internationale, comme sur l'actualité économique, culturelle, ou encore sportive.

Communion et communication 2.0

Avec les médias sociaux, ce besoin de communication est exacerbé. 


Les plateformes de diffusion d'information se multiplient. L'infobésité est l'une des réalités contemporaines. Nous pouvons communiquer facilement. Les dix sujets les plus discutés à un instant T sont mis en avant, pour inviter les internautes à échanger davantage. 
Mais que communiquons-nous ? Telle est la question.

Nous réagissions aux sujets du moment, venant picorer les miettes que l'Actualité nous jette, tous les jours. Comme des moineaux affamés… (et je dis moineaux pour ne pas dire Pigeons).
Pourquoi, parce que nous avons besoin de communiquer, et qu'il faut bien communiquer quelque chose


Et si, plutôt, nous écrivions et partagions des poèmes ? 

C'est ma première résolution pour 2013 : une fois par semaine au moins, je publierai sur ce blog un poème. Le lundi matin, par exemple.

En attendant, je vous laisse avec cette phrase de Paul Valéry, à méditer : “La plupart des hommes ont de la poésie une idée si vague, que ce vague-même de leur idée est pour eux la définition de la poésie”. 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char