Accéder au contenu principal

Instagram : l'Humanité bientôt cartographiée ?

La récente mise à jour effectuée par l'application mobile Instagram mérite que l'on s'y arrête un instant. Cette nouvelle version propose en effet une carte de toutes les photographies prises via Instagram. Vous pouvez voir sur un planisphère où vous avez pris telle ou telle photo. En soi, bien sûr, ça ne semble pas particulièrement innovant. iPhoto, par exemple, propose depuis longtemps de géolocaliser ses images. Mais il faut le comprendre comme le signe d'une évolution.

Voir ce que d'autres voient

Nous prenions jusqu'ici des photographies dans notre coin, les partageant ensuite éventuellement avec nos amis. Désormais, ces données récoltées sont partagées plus globalement. Cela accompagne le mouvement de l'open data : les humains ne sont plus seulement connectés, ils accèdent à certaines données générées par l'ensemble de l'humanité. 


De la même façon que l'on peut savoir en un instant, sur Twitter, ce qui se dit d'un sujet à un moment donné, on va pouvoir voir ce que d'autres ont vu en un lieu déterminé. Si l'on ajoute à la localisation des photographies une dimension temporelle, alors on accède à l'Histoire, proprement dite.

La valeur historique de l'éphémère

C'est ce que le créateur d'Instagram suggérait déjà lorsque je l'avais vu au SxSW [lire : la valeur de l'éphémère]. De la multitude de détails fournis par tout un chacun naît une Histoire commune. Si Instagram existait depuis la nuit des temps, on pourrait voir des centaines de photos de la bataille d'Azincourt, prises directement sur le champ de Bataille, par exemple. 
Ce serait bien. Et je ne vous parle pas des effets que l'on aurait eu avec les filtres d'Instagram pour le Soleil d'Austerlitz !


Quand l'application proposera une plate-forme combinant cartographie et frise chronologique, il sera possible de parcourir l'Histoire de l'humanité de lieu en lieu, avec des prises de vues subjectives, différentes par nature, mais dont la pluralité confèrera un témoignage solide, indiscutable, des événements passés.

Instagram : pour contrer Twitter ?

Cette évolution n'est pas anodine. Facebook a récemment racheté Instagram. L'ouvrir de la sorte est le meilleur moyen de venir concurrencer Twitter, qui prend de jour en jour plus d'importance. 

Nous entrons dans une nouvelle ère, un nouveau stade du développement des médias sociaux.

Une nouvelle fois, ce n'est pas anodin.


Commentaires

  1. Malheureusement mon smartphone ne me permet pas de pouvoir utiliser Instagram.

    Mais je me pose une question : nous avons eu les temoignages de notre passé grâce aux histoires familiales orales, mais surtout grâce aux écrits, des sculptures, etc.
    Si la chronologie est aisément réalisable et visible grâce aux médias sociaux, peut-on quand même imaginer que nos temoignages actuels pourront durer dans le temps sous leur forme électronique, aimantée, etc...?

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char