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Chute libre

C'est tellement simple de se laisser aller à la mélancolie, de plonger tranquillement dans le spleen d'un soir de printemps. Il suffit d'un peu de musique, d'une atmosphère, d'une pensée. Je pose la tête contre la vitre du bus, je regarde les gens passer, j'observe Paris dans le soleil couchant. Je pense aux personnes que je ne vois pas assez, à celles que je ne vois plus, ou à celles que j'aimerais connaître davantage.

Je me laisse envahir par tout ce qui peut m'amener à ressentir ce blues familier. Ce n'est pas un état de tristesse, à proprement parler. Ni une lassitude. Encore moins un désespoir.

C'est plutôt comme si je laissais couler des sentiments jusque là retenus, ou contenus. Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi. Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas. 

Comme si je faisais une chute infinie, incontrôlée. Mais surtout, une chute libre.


Tout se mêle, s'entremêle. Des impressions accumulées, des souvenirs, des envies, des espoirs. Il ne me reste qu'à suivre le fil de ces pensées libérées. Je les accompagne, je me demande où elles vont me mener. Le bus continue son trajet.

Rien ne me semble plus essentiel que cette mélancolie là. Mais il faut bien le dire, la plupart du temps, ces pensées ne mènent à rien. Ou plutôt, elles ne mènent nulle part. Et puisqu'il ne faut pas se perdre trop longtemps, on se retrouve contraint de reprendre le dessus. On recherche à nouveau l'équilibre salutaire. On reprend pied. Et puis, on éteint la musique.

Avec un peu de chance, et si l'on parvient à vite se divertir, on peut sortir rapidement de cet état mélancolique.

Jusqu'à la prochaine fois.

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