Quelques miettes
C'est étrange comme on pense toujours à ce qui vient, aux tâches qui restent à effectuer, au pain qui demeure sur la planche. J'en ai fait un principe, sur ce blog, en décidant de me tourner délibérément vers l'avenir, et en rappelant la phrase d'Arthur Rimbaud, tirée d'Une saison en enfer, que je trouve très belle : “il faut être absolument moderne. Point de cantiques. Tenir le pas gagné”.
Pourtant, s'il reste du pain sur la planche, n'est-il pas essentiel de s'attarder un peu sur les miettes, plus ou moins fines, qui y sont présentes également ? Sur les centaines de lignes, plus ou moins profondes, tracées dans le bois par des dizaines d'autres couteaux, pour tous ces autres pains déjà découpés en tranches, trop vite oubliés ?
Souvent, lorsque l'on déménage, en ouvrant les tiroirs, pour faire le tri, on repense à tous ces moments passés.
Il faut savoir poser sur la table cette paperasse, occasionnellement.
On a tendance, trop souvent, à poursuivre la marche sans s'arrêter. L'ascension n'est pas terminée, et la route est longue encore. Il reste tant de choses à accomplir. Mais savoir s'arrêter un instant, pour observer la vue qui nous est offerte, déjà, pour prendre son souffle, n'est-ce pas le secret des meilleurs alpinistes ?
“On ne fait jamais attention à ce qui a été fait ; on ne voit que ce qui reste à faire”. Marie Curie.
Il faut savoir s'arrêter, respirer, profiter. Sans se complaire pour autant, sans se satisfaire bêtement du chemin parcouru, sans se glorifier. Mais en reconnaissant malgré tout que beaucoup d'étapes ont été franchies.
Ce que j'ai fait, déjà.
Je vais noter quelques accomplissements :
J'ai voyagé, aux Etats-Unis, au Canada, en Chine, j'ai parcouru l'Europe, en passant par l'Italie, la Grèce, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne. Je suis allé au Portugal, aussi. En Espagne. En Grande-Bretagne. Aux Pays-Bas. En Belgique. En Suède. A Malte. A Gozo…
Je suis allé à la Montagne, à la Mer, à la Campagne. J'ai parcouru la France d'Est en Ouest, du Nord au Sud. J'ai vécu à Paris, à Nantes, à Lille.
J'ai écrit une nouvelle, quand j'avais onze ans. J'ai dessiné, griffonné, peint, crayonné.
J'ai terminé ma scolarité. J'ai eu mon Brevet, mon Bac. J'ai fait deux ans de classe préparatoire littéraire. J'ai terminé je-ne-sais-combien de dissertations, en Lettres, en Histoire, en Philosophie, j'ai fait des versions d'Anglais, d'Espagnol, de Latin. J'ai survécu à de nombreuses nuits de travail.
J'ai conquis le cœur d'une jeune fille avec qui je suis heureux aujourd'hui. J'ai rencontré ses parents, sa famille. J'ai voyagé avec elle. J'ai vécu avec elle - je vis avec elle. J'ai découvert mille choses avec elle.
Je me suis fait de vrais amis.
Je suis revenu d'un grave accident, il y a quelques années.
J'ai passé des colles. J'ai passé des concours, j'ai échoué d'abord, j'ai réussi ensuite. J'ai intégré une grande école. J'ai passé des partiels. Des oraux. Soutenu deux mémoires. J'ai été diplômé de cette école.
J'ai passé des entretiens. J'ai fait des stages. J'ai travaillé. J'ai fait des interviews, des reportages. Ecrit des articles. Rencontré des professionnels. Echangé. Partagé. Je suis allé à des salons.
J'ai créé un blog, que j'entretiens depuis un an. J'ai participé à d'autres blogs. J'ai écrit un article sur www.narominded.com. Un autre sur le blog de Nicolas Bordas. J'ai publié plus de mille tweets. Plus de cent billets.
Dont celui-ci. :)
ça vaut mieux qu'une timeline sur Facebook :)
RépondreSupprimer