Accéder au contenu principal

Ce n'est qu'un lundi matin.

Vous auriez pu vous réveiller ce matin en pleine forme, dans un lieu paradisiaque, à l'autre bout du monde. Le soleil qui pointe à l'horizon, le souffle éphémère d'un vent marin, le bruit des vagues sur les récifs.

Vous auriez pu

Vous auriez pu vous étirer tranquillement, avant de vous lever, le cœur léger
En vous habillant, vous auriez repensé à la soirée de la veille : la douceur des lumières, le repas délicieux, les regards échangés.

Le souvenir du bain de minuit vous serait revenu ensuite, au moment de la marée montante, dans la nuit. Le sentiment de liberté, ce goût de sel dans les reflux.


Vous auriez pu vous dire, en observant dans la glace d'une immense salle de bain votre teint bronzé : “qu'il est bon de ne rien faire aujourd'hui, et dans les semaines à venir ! Aucune contrainte. Le plaisir de la découverte, de la lecture sur la plage, des promenades infinies !”.

Certes. Vous auriez pu.

Mais ce bonheur fade et surfait est-il réellement séduisant ?
Je réponds non.

Car malgré tout

Vous vous êtes réveillé dans l'un des plus beaux endroits du monde, au cœur d'une société d'hommes et de femmes qui s'efforcent chaque jour de donner le meilleur de leur personne, à une époque qui permet à chacun de communiquer avec quiconque, à n'importe quel moment, dans le monde entier ; après des siècles de progrès technologique, de culture, de réflexion philosophique, de productivité économique, d'avancées médicales, de construction institutionnelle et politique.

Vous avez toutes les raisons d'être fier de tout ce que vous avez accompli jusque là : de vos plus petites créations quotidiennes à vos plus grands exploits personnels, quels qu'ils soient


D'ores et déjà, vous avez contribué, à votre échelle, et sans le savoir peut-être, au développement de l'humanité. En consommant, en travaillant, en offrant des cadeaux à vos proches, en lisant des livres à vos enfants, en payant vos impôts, en vous rendant au cinéma, vous avez participé à la croissance de votre pays. Félicitations.

Qu'importe le froid, les trottoirs humides, les passants trop pressés, la fatigue, les ennuis, les impératifs de la semaine, la pollution, les irritations de la vie. Vous connaissez tout ça. Vous n'êtes pas né de la dernière pluie. 

Alors courage. 

Ce n'est qu'un lundi matin, après tout.


Commentaires

  1. Apprendre à relativiser, même un lundi matin ...
    Très sympathique à lire !

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ce commentaire, c'est sympa ! :) Bonne semaine !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char