Il y a deux ans, sur ce blog, j'affirmais vouloir raconter des détails de ma vie. Figer des instants, exactement comme on le fait sur Instagram en prenant une photo avec son mobile, au détour d'un chemin ou à la sortie d'un métro : comme ça, sur le vif, sans se poser de questions. Capturer un moment, puis le mettre en ligne, comme on inscrit quelques mots sur un papier avant de le glisser dans un coffre, pour le retrouver deux ou trois ans plus tard, en rangeant.
Vivre comme on rêve
Bien sûr, tout cela demeure très personnel. Je suis le seul à savoir précisément - aussi précisément que possible, d'ailleurs - ce que je ressentais à tel ou tel moment, en prenant telle ou telle photo, en écrivant tel ou tel billet. Avec le temps, on oublie beaucoup, on s'y perd un peu. Il est rare d'avoir quelqu'un de suffisamment proche pour vous confirmer la manière dont vous avez vécu un instant déterminé. Et il n'est pas aisé de transmettre une impression, en règle générale.
“Non, c'est impossible ; c'est impossible de faire partager la sensation de vécu de n'importe quelle période donnée de son existence - ce qui en fait la vérité, la signification - son essence volatile et pénétrante. C'est impossible. On vit comme on rêve - seul.” Joseph Conrad - Au cœur des ténèbres.
Je ne sais pas si c'est réellement impossible. En parcourant les Contemplations de Victor Hugo, j'avais bel et bien le sentiment de partager ses impressions, de les comprendre, ou du moins d'en percevoir certains aspects. Et sans même aller jusqu'à Victor Hugo, il y a de nombreux romans dans lesquels on peut se retrouver ; de nombreuses chansons, aussi, qui vous plongent dans un état différent de celui dans lequel vous vous trouviez initialement, laissant le hasard et la magie opérer.
C'est ce qu'il y a de génial dans la littérature, dans l'art, dans la musique. Avoir la possibilité de devenir quelques secondes, quelques heures ou quelques jours le confident de l'écrivain, de l'artiste, du musicien. Le temps d'une lecture, d'une contemplation, d'une mélodie, l'accompagner dans son rapport au monde, dans son ressenti, dans sa mélancolie ou dans son allégresse.
Puisque le ciel est gris et le jour férié
Il faut que je me remette à lire, à lire beaucoup. J'en ai envie. Quand le printemps sera là, je m'en fais la promesse aujourd'hui, j'irais au Jardin du luxembourg ou ailleurs pour rattraper le temps perdu.
Auparavant, puisque le ciel est gris et le jour férié, j'en profite pour écrire ce billet de blog, en écoutant la chanson ci-dessous.
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