Il faut si peu pour changer un monde, une vie. Quand on sait qu'une décision - même celle qui semble prise librement - découle toujours d'une suite d'accidents, de causes diverses, parfois incongrues. Il suffit de songer à tous ceux qui s'aiment, avec la force d'une évidence ; à quoi tient leur rencontre ? Au hasard, et à rien d'autre.
J'aime bien l'idée de ces petits riens, de ces menus événements, qui forgent une destinée. Un simple regard échangé, et c'est toute une vie qui s'en trouve changée. Tout ne tient qu'à presque rien. En prendre conscience, c'est mesurer que la chance peut nous sourire au moment où l'on s'y attend le moins. C'est aussi se rendre compte qu'on peut accomplir de grandes ambitions.
Les courbures de Valéry
Une nouvelle fois sur ce blog, je vais citer Paul Valéry : "Il y a certaines courbures dans la fibre du temps de la vie qui conduisent insensiblement de l'impossible au réel et de l'inconcevable à l'accompli". Je vous laisse relire deux fois cette phrase. J'aime cette image ; ces "courbures" me font penser aux représentations de l'univers, aux trajectoires des comètes modifiées par tel astre qu'elles croisent, au détour d'une galaxie. Elles filaient pourtant à vive allure, dans le cosmos. Fières et sûres d'elles. Et voici qu'elles changent de direction.
Sans doute faut-il être attentif à ces presque-riens qui peuvent changer notre destin. Être éveillé. "Avoir l'œil qui regarde bien". Pour ne pas laisser passer sa chance. Pour saisir l'instant. Mais surtout, il faut comprendre que ça ne tient pas à grand chose. Les paresseux en tireront l'idée qu'il faut se laisser porter au fil de l'eau. Les besogneux qu'il est nécessaire de soigner le moindre détail, car tout peut devenir crucial.
J'en tire la simple idée que le monde, dans sa complexité, n'est fait que de petits riens, accumulés.
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