Je ne sais même pas par où il faudrait commencer. Ce n'est finalement pas simple d'écrire face à une situation inédite, imprévisible, surprenante, historique. J'ai plutôt l'habitude de décrire ici de petits aspects du quotidien, de partager des réflexions personnelles, sans grande prétention. Soudain, le monde s'écroule. Tenir un blog en pleine crise sanitaire mondiale apparaît quelque peu illusoire.
J'écrivais pourtant, sur ce même blog, il y a plusieurs années maintenant, ce sentiment de vivre depuis ma naissance le temps des crises perpétuelles. J'entendais parler depuis toujours - du moins était-ce mon sentiment - de crise. Crise de l'éducation nationale, crise du travail, crise identitaire, crise de l'hôpital, crise écologique bien sûr, crise migratoire, crise économique, j'en passe et des meilleurs. La crise était devenue la norme.
Et c'est de nouveau le cas, il me semble. Nous vivons l'époque d'une crise continue. Le confinement est repoussé, repoussé encore. Bien fou celui qui prendra la décision politique de nous faire tous sortir, tant que ce ne sera pas totalement terminé. Mais comment savoir quand tout cela sera bel et bien fini ? Même quand ce sera le cas, la crise couvera.
Et puis la crise économique viendra de toutes façons prolonger la crise en question. La crise, encore et toujours donc. La crise partout et tout le temps. Le paradoxe de notre époque, mes chers contemporains. Nous sommes destinés à vivre en crise, à vivre des crises. Il faut se faire une raison.
Apprendre à vivre avec des masques - j'ai suivi les consignes pour ma part, pas de masques donc, même si j'ai l'impression que tous les habitants de mon quartier en sont pourvus de leur côté désormais. Apprendre à vivre à distance. Apprendre à garder un périmètre de sécurité. On avait appris à vivre avec le risque d'un attentat, avec le sentiment d'un monde courant peu à peu à sa perte, avec la crainte de connaître un nouveau krach boursier, avec le risque des populismes et de l'obsolescence programmée.
On devrait y arriver, donc.
illustration © sur Behance.
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