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En raccourci

Le doux mois de septembre. Je me demande si ce n'est pas l'un des mois que je préfère. Quand l'automne s'approche tout doucement. J'avance, les mains dans les poches, sur les boulevards - la musique dans les oreilles. Le plaisir de ne porter encore qu'un sweat-shirt, avant l'arrivée des bourrasques et de la pluie battante. Les cheveux légèrement en bataille, la sacoche en bandoulière. Je traverse Paris.

Une voix familière chante dans mon casque. Une voix que j'écoute de nouveau, souvent, ces derniers jours. Une voix profonde et chaleureuse, celle de Georges. Sur un air de guitare que je connais bien, je retrouve ces mots si souvent entendus.


"Y a dans la chambre une odeur d'amour tendre et de goudron. Ça vous met la joie au cœur… la peine aussi et c'est bon !" Je ne pourrais pas mieux dire. Ce soir, j'ai la joie et la peine au cœur, en même temps. Ce n'est pas grave, c'est même plutôt agréable. C'est la vie-même. Le sentiment d'exister.

J'ai l'impression que ça m'arrive souvent, d'être en même temps heureux et malheureux, optimiste et nostalgique, audacieux et craintif, joyeux et mélancolique. Comme si ça se combattait en moi, comme si deux aimants contraires se faisaient face. La force invisible et magnétique qui les oppose est aussi ce qui leur est commun. 

J'accélère, en remontant la rue. J'ai envie d'arriver chez moi, de prendre un bain, de faire le vide. Puis de lire, d'écouter la radio, et de dessiner enfin en attendant que la nuit tombe tout à fait. Ma vie, en somme. Ma vie, en raccourci.

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