Il est cinq heures du mat'. Il est cinq heures du mat' et je ne dors pas. Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. J'ai créé ce blog il y a six ans, parce que je voulais sortir de la morosité ambiante, partager ce qui était essentiel pour moi : de la poésie, des idées, un optimisme profond. Je voulais affirmer une conviction forte : que nous étions responsables, collectivement, de l'avenir. Cet avenir qu'on pouvait imaginer, concevoir, façonner. Qui ne nous était en rien imposé. Le passé, seul, s'impose ; l'avenir se dessine.
L'année 2015 s'achève, et je n'ai pas le cœur à dormir. J'ai vu trop de fleurs, dans les rues en bas de chez moi. Il y a eu trop de morts, trop de tristesse, trop d'incompréhension. Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir ! L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. Tout ça ne rime à rien, ne correspond à rien. Et ça s'impose, pourtant. Car ça s'est passé. Ici. À Paris.
Je n'ai pas d'ennemi, pas de colère, ni d'esprit de revanche. Ces gens sont morts en bas de chez moi, pour rien ; ils ne verront plus les rayons du jour, la beauté du matin. Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui va demeurer dans la beauté des choses.
Les fleurs ont été enlevées de la rue Oberkampf. Seuls demeurent les mausolées devant le Bataclan et place de la République. Face à tout ça, il n'y a que le temps qui puisse aider. Le temps qui viendra tout recouvrir, comme la mer les châteaux de sable.
Et puis il y a nous, nous qui restons, nous qui devons plus que jamais continuer. Face à ceux qui détruisent et piétinent et massacrent, nous devons nous rassembler pour semer, pour construire, pour inventer. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve trouveront dans ce sol lavé comme une grève le mystique aliment qui fera leur vigueur ? Rien ne nous assure que ça fonctionnera, rien ne nous persuade que les beaux jours sont encore à venir. Mais l'avenir, plus que jamais sans doute, est à réinventer.
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