La nuit est noire, et je vois mon reflet dans la vitre. Ma chemise est ouverte, car il fait chaud ce soir. Je repense à ce jeune Basile de 18 ou 19 ans, dans sa chambre de bonne, au sixième étage de la rue Gay-Lussac. L'espace était exigu, et les étagères débordaient de livres. Je fumais à ma fenêtre, en révisant mes cours.
J'étais assez fier, alors, d'occuper cette chambre où mes frères et sœur m'avaient précédé. C'était à mon tour de goûter de la liberté qu'offre ce lieu où personne n'a le moyen de savoir quand vous êtes là, ou quand vous partez. À mon tour d'y faire venir qui je voulais. À mon tour de rester éveillé jusqu'à deux heures du mat' si je le souhaitais, pour terminer cette foutue dissert', ou pour penser à ma vie.
Dans cette chambre, il y avait des vêtements en désordre. Des feuilles quadrillées éparpillées. Des fiches stabilotées. Il y avait des CD, empilés, et des photos sur les murs, accrochées avec de la pate-à-fixe. La baignoire était vraiment petite, et pas franchement confortable. Les toilettes étaient sur le palier. Tout cela me satisfaisait pleinement.
En regardant mon reflet, ce soir, je crois voir cet autre moi-même, à cet âge-là de ma vie. Les cheveux ébouriffés, les rêves en bataille. Je ne veux pas être sérieux, ni prévoir ce qui adviendra. Je veux croire en ma chance, en ma bonne étoile. Croire en la vie, pour tout ce qu'elle apporte. Avoir l'insouciance de la jeunesse : celle qui permet tout.
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