J'étais, mercredi soir, en Allemagne. La veille du premier mai, donc. Or, en Allemagne, la veille du premier mai, c'est ce qu'on appelle le "Tanz In Den Mai" : on danse pour célébrer le mois de mai. Il y a une ambiance festive, dans la rue, dans les immeubles, tout au long de la nuit. Je suis sorti pour danser, moi aussi. Une façon de partager une coutume locale, en bon Européen que je suis. D'autant que l'on célèbre depuis longtemps, partout, en Europe, "la nuit de la Walpurgis".
Silent Party
Je me suis retrouvé dans un hangar à la devanture délabrée - et décorée par les street-artists régionaux - pour une soirée silencieuse ("Silent Party"). Le concept est simple : c'est comme une boite de nuit, mais où chacun a sur les oreilles un casque qui diffuse deux pistes musicales (au choix). Et tout le monde danse, et chante, et fait la fête. Mais si vous enlevez votre casque une seconde, c'est silencieux, et vous avez l'impression que les gens dansent de façon tout à fait ridicule.
Le paradoxe, c'est qu'on a envie - plus que d'habitude - de danser, de s'exprimer, d'interagir avec les autres, alors qu'on a tous ce casque sur les oreilles. Un peu, sans doute, parce que pour une fois, ce qu'on entend dans son casque est commun à ce qu'entendent les personnes autour de nous, au même instant.
Il y a en effet une certaine frustration, parfois, quand on prend les transports en commun par exemple, avec ses écouteurs vissés dans les oreilles ; qu'une super musique passe, et qu'on ne peut pas en faire profiter les autres passagers. Alors que la musique qui passe correspond parfaitement à l'instant, à l'atmosphère.
Écouteurs intelligents
Je reste convaincu qu'une application qui permettrait de savoir ce que ses voisins du quotidien écoutent (via un Spotify Connect, en quelque sorte) serait intéressante. On aurait bien sûr le choix de partager ou non sa musique avec les personnes alentours. Pour casser cette habitude contemporaine qui consiste à se couper de son environnement pour s'enfermer dans sa musique, en communiquant sur son mobile, avec ses amis, sans jamais lever la tête et s'intéresser aux autres.
Car c'était génial de faire la fête, dans la nuit de mercredi à jeudi, avec tous ces voisins européens, ces Allemands joyeux, dans un silence apparent.
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