Il paraît que je ne m'exprime plus comme avant, sur Internet. Que je m'engage moins, à découvert. Que je ne m'expose plus vraiment, que je ne prends plus de risque. Comme si je restais sur mes gardes, comme si je préservais ma vie personnelle, comme si je craignais un jugement. C'est ce qu'une amie m'a fait remarquer. Elle avait l'impression que j'avais changé, par rapport aux premières années de ma présence sociale.
Mes premiers billets de blogs, mes premiers tweets, mes premiers statuts Facebook, étaient peut-être plus transparents sur celui que je suis. Je me souviens qu'en effet, ça en surprenait certains, qui m'invitaient à plus de prudence, à l'époque, à plus d'anonymat. Les temps changent, et j'ai peut-être intégré ces conseils. Ou alors, c'est l'âge. C'est moi qui change. Je suis moins insouciant, même ici, chez moi. Je n'ai pas la même tranquillité lorsqu'il s'agit de mettre à nu mon état d'âme. Je suis peut-être plus pudique.
Je me souviens aussi que ma mère s'était inquiétée, après un billet de blog assez mélancolique. Je crois que c'était celui-ci. Alors que ça allait, en vrai. C'était une douce mélancolie, il n'y avait pas de malheur à l'horizon. Pas de vrai désespoir. Mais je reconnais que ce n'est pas toujours évident de mesurer la réalité qui se cache éventuellement derrière une phrase.
Certaines personnes, en lisant à travers les lignes, se sont parfois reconnues, au détour d'un mot, d'une formule. Il y a des secrets, sur ce blog, pour qui sait les lire, les déchiffrer. Pour qui me connaît. Pour qui fait partie de ma vie. Parce qu'encore une fois, ce blog, c'est un domicile fixe. Vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont, il demeure.
Ce n'est pas la première fois que je me rappelle l'importance de continuer à parler de moi, aussi. De ce que je ressens, de ce que je pense, de ce que je vis. Ne pas me limiter à des thèmes objectifs, neutres, généraux. Un blog, c'est aussi un espace d'expression singulière. Ça permet de se relire, après de nombreuses années, et de se rappeler de celui que l'on était alors. De ce que l'on vivait à ce moment-là. C'est très précieux. Comme une photographie, ça fige le temps.
Jour férié, aujourd'hui. Je vais sortir, faire un tour au jardin du Luxembourg. Tant pis si le ciel est sale, l'air sera plus pur que les jours de beaux temps. Je vais marcher, respirer, observer les gens qui vont, qui viennent. Je vais prendre le temps de lire, d'écouter de la musique.
Cette musique-là, par exemple.
En me rappelant l'importance, de temps en temps, de vivre à découvert.
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