(…)
Ceci est réservé à la seule Jeune Fille.
À celle à qui tous les maris du monde sont promis,
— mais qui n'en tient pas encore.
À celle dont les cheveux libres tombent en arrière, sans emplois, sans fidélité,
et les sourcils ont l'odeur de la mousse.
À celle qui a des seins et qui n'allaite pas ; un cœur et n'aime pas ;
un ventre pour les fécondités, mais décemment demeure stérile.
À celle riche de tout ce qui viendra ;
qui va tout choisir, tout recevoir, tout enfanter peut-être.
À celle qui, prête à donner ses lèvres à la tasse des épousailles, tremble un peu,
ne sait que dire, consent à boire, — et n'a pas encore bu.
Victor Segalen. (Stèles)
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