“Il faut savoir entendre ce qui n'est pas dit, et discerner ce qui n'est pas montré”. Cette phrase, inscrite sur une page blanche, dans un petit ouvrage que je parcours depuis hier - Sagesse millénaire en quelques caractères - a éveillé mon attention.
La beauté des choses
Pendant longtemps, dans ma prime jeunesse, je faisais une distinction nette entre la vie réelle et la vie sociale. D'un côté, ce qui compte véritablement : “la beauté des choses” (pour citer Aragon), la peine et le plaisir, les roses, la lumière et le vent, la mélancolie, l'amitié, les coïncidences, le réconfort, la solitude, l'ivresse, le jeu et l'amour ; de l'autre le superflu et le nécessaire : le travail, les rapports de camaraderie, les relations professionnelles, les démarches administratives, le brossage de dents deux fois par jour, les convenances, les devoirs, la vaisselle, la facture d'électricité.
Ce qui m'effrayait parfois, c'était la tendance des hommes à se laisser emprisonner par les liens pernicieux de la seconde catégorie, au détriment de leur propre vie, de tout ce qu'ils pourraient faire, de tout ce qu'ils aimeraient faire, en fin de compte. Je pensais à tous ceux qui semblent oublier pourquoi ils se lèvent le matin, qui se laissent machinalement entraîner par le rythme monotone d'une activité fade, sans aucune joie, aucune satisfaction, à la clé.
La vie, mode d'emploi
C'était une vision simpliste, bien sûr. Celle que l'on a tous, à vingt ans, peut-être. Depuis, j'ai quelque peu nuancé mon point de vue. Je ne distingue plus aussi strictement l'existence de la vie sociale quotidienne.
Malgré tout, j'ai conscience de l'importance de prendre du recul, de marquer un temps, de regarder quelques secondes par la fenêtre, de rentrer du boulot à pied pour mieux traverser la Seine, de voir des amis en soirée, de parcourir le monde avec celle que l'on aime, de dessiner sur un bout de papier quand on est au téléphone, d'imaginer un avenir différent.
“Savoir entendre ce qui n'est pas dit et discerner ce qui n'est pas montré” est un impératif poétique. Il est essentiel de ne pas toujours se concentrer sur l'évidence-même, sur ce qui s'offre au regard, de ne pas prendre ce qui nous est donné immédiatement, de ne pas se contenter de consommer l'existence.
Prendre le temps de ne pas aller vite, en somme.
Être attentif aux petites choses, en sachant très bien que certaines nous échappent.
Je m'efforce donc “d'entendre ce qui n'est pas dit, de discerner ce qui n'est pas montré”, tout en me rappelant cette phrase de mon arrière-grand-père : “tant de choses entr'aperçues ne pourront jamais être vues”.
La beauté des choses
Pendant longtemps, dans ma prime jeunesse, je faisais une distinction nette entre la vie réelle et la vie sociale. D'un côté, ce qui compte véritablement : “la beauté des choses” (pour citer Aragon), la peine et le plaisir, les roses, la lumière et le vent, la mélancolie, l'amitié, les coïncidences, le réconfort, la solitude, l'ivresse, le jeu et l'amour ; de l'autre le superflu et le nécessaire : le travail, les rapports de camaraderie, les relations professionnelles, les démarches administratives, le brossage de dents deux fois par jour, les convenances, les devoirs, la vaisselle, la facture d'électricité.
Ce qui m'effrayait parfois, c'était la tendance des hommes à se laisser emprisonner par les liens pernicieux de la seconde catégorie, au détriment de leur propre vie, de tout ce qu'ils pourraient faire, de tout ce qu'ils aimeraient faire, en fin de compte. Je pensais à tous ceux qui semblent oublier pourquoi ils se lèvent le matin, qui se laissent machinalement entraîner par le rythme monotone d'une activité fade, sans aucune joie, aucune satisfaction, à la clé.
La vie, mode d'emploi
C'était une vision simpliste, bien sûr. Celle que l'on a tous, à vingt ans, peut-être. Depuis, j'ai quelque peu nuancé mon point de vue. Je ne distingue plus aussi strictement l'existence de la vie sociale quotidienne.
Malgré tout, j'ai conscience de l'importance de prendre du recul, de marquer un temps, de regarder quelques secondes par la fenêtre, de rentrer du boulot à pied pour mieux traverser la Seine, de voir des amis en soirée, de parcourir le monde avec celle que l'on aime, de dessiner sur un bout de papier quand on est au téléphone, d'imaginer un avenir différent.
“Savoir entendre ce qui n'est pas dit et discerner ce qui n'est pas montré” est un impératif poétique. Il est essentiel de ne pas toujours se concentrer sur l'évidence-même, sur ce qui s'offre au regard, de ne pas prendre ce qui nous est donné immédiatement, de ne pas se contenter de consommer l'existence.
Prendre le temps de ne pas aller vite, en somme.
Être attentif aux petites choses, en sachant très bien que certaines nous échappent.
Je m'efforce donc “d'entendre ce qui n'est pas dit, de discerner ce qui n'est pas montré”, tout en me rappelant cette phrase de mon arrière-grand-père : “tant de choses entr'aperçues ne pourront jamais être vues”.
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