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Une nouvelle année s'achève

Les derniers jours de 2011. Dans moins d'une semaine, tout ce qui s'est passé cette année pourra être clôturé, classé, mis au placard. On jettera les calendriers périmés, les agendas vétustes, les plannings complétés. En quelques heures, ce qui occupait pleinement notre attention deviendra de l'histoire ancienne.

Le temps s'écoule.
Je me souviens d'un tee-shirt que j'avais à la fin des années 90, sur lequel il y avait cette inscription : “j'aurai 14 ans en l'an 2000”. J'en ai 25 à présent, et j'aimerais retrouver ce vêtement (à ma taille, ce serait mieux) pour l'arborer fièrement. Ce serait assez stylé.
La vie passe. Je ne me sens pas vieillir - il ne manquerait plus que çà ! -, mais j'observe différemment la pendule au salon. Je sais désormais qu'elle m'attend. J'entends les secondes chuchoter.

Souviens-toi !

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde chuchote : souviens-toi ! - rapide, avec sa voix d'insecte, maintenant dit : je suis Autrefois, et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi ! Prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues). Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; le clepsydre se vide.

J'ai mes souvenirs pour moi. Mes projets aussi. J'ai mes rêves, mes envies, mes désirs, mes folies, mon espérance. J'ai la force de regarder demain. Contrairement à ce que je lis aujourd'hui dans les journaux, je ne suis pas pessimiste. J'aime le monde dans lequel je vis. J'aime tout ce qui a été fait, déjà.


J'aime tous ces livres, écrits ; ces centaines de milliers d'histoires imaginées par d'autres. Ces pièces de théâtre, ces romans, ces poèmes, ces morceaux de musique. J'aime ces villes, bâties par tous ces gens que je ne connais pas : ces routes, ces immeubles, ces ponts. J'aime le code de la route, le code civil, la déclaration universelle. J'aime Le Robert, Le Larousse, Le Petit Mourre. J'aime ces jeux, ces jouets, ces loisirs créés par des hommes qui cherchaient un peu de réconfort, et du divertissement.

Le temps de l'ombre d'un souvenir

Ce long cortège qui nous précède, comment ne pas y songer ? Ces ancêtres du monde entier qui ont contribué par leurs efforts à construire le monde tel qu'il est. Comment ne pas se souvenir de leurs erreurs, aussi ? Le nationalisme, la peur, la lâcheté. “Demandez-vous belle jeunesse, le temps de l'ombre d'un souvenir, le temps du souffle d'un soupir : Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?”.


J'essaye d'y penser, souvent. De rester - à mon échelle - vigilant. C'est en tout cas mon état d'esprit, aujourd'hui, alors que je compile mes propres dossiers. Alors que je range mon chez moiUne nouvelle année s'achève, et ça recommence. Un nouveau Noël, un nouveau jour de l'an, un nouveau Saint Basile (le 2 janvier, soyez attentifs !). Un nouvel hiver, qui se prolonge.

Une nouvelle époque de ma vie. Quand j'avais 14 ans - en l'an 2000, donc, pour ceux qui suivent - j'écoutais cette chanson, qui correspond assez bien à l'instant. ^^





Commentaires

  1. Il y a un proverbe russe qui dit - de façon approximative: "Celui qui regarde derrière est borgne; celui qui ne regarde pas derrière est aveugle". C'est bien de voir quelqu'un de ton âge avec la conscience affirmée de ce qu'il doit au passé, tout en étant bien dans son temps et confiant dans l'avenir. C'est rare. C'est sage. Salut à toi jeune Yoda :)
    @vistoboy

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  2. L'extrait de texte qui commence par "Trois mille six cent fois par heure" m'a bien plu, mais n'arrange pas ma névrose du temps qui passe..!

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  3. @Vikler Baudelaire n'est pas la meilleure personne à lire, quand on a cette névrose-là ! ;)

    @vistoboy merci beaucoup. Mais je ne suis qu'un jeune padawan.

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