C'est étrange comme nous pouvons perdre de vue ce que nous sommes. Il est simple de passer complètement à côté de ce qui compte, véritablement. On peut vivre, jour après jour, nuit après nuit, sans se soucier, à aucun moment, de ce qui devrait nous importer. Sans dire à nos proches qu'on les aime, sans comprendre qu'ouvrir les yeux, au petit matin, pour vivre une nouvelle journée, est déjà miraculeux ; sans chercher à améliorer le monde, ni à faire plaisir aux autres, ni à rêver, ni à espérer un avenir meilleur. Sans considérer, un moment, notre mort future, et ce que ça implique, en attendant. Sans nous efforcer de voir la vie à l'aune de cette réalité-là.
Oui, je trouve cela vraiment étrange.
Nous pouvons maugréer, trainer notre mécontentement avec nous, insulter un inconnu parce qu'il nous refuse une priorité. Nous pouvons nous disputer, pour de mauvaises raisons. Nous pouvons pester contre la pluie, la bruine et le vent. Nous pouvons regarder les informations, et, comme d'habitude, ne plus songer à ce que signifie la mort d'un étranger, à l'autre bout du monde. Feindre d'en être attristé, éventuellement. L'oublier trois secondes plus tard. Nous pouvons nous occuper de nos petits problèmes superficiels, et nous laisser dominer par eux, jusqu'à nous empêcher de dormir. Nous pouvons nous limiter à notre travail, comme s'il était le seul moyen, pour nous, de nous réaliser.
Nous pouvons désirer ardemment un bonheur illusoire, construit par la publicité, sans plus savoir d'où nous viennent ces envies, ni comprendre qu'à peine assouvi, ce désir en appellera un autre.
C'est très étrange, tout ça.
Et si on se rendait compte, juste un instant, pour changer, que nous sommes des êtres humains, et que nous vivons, bel et bien ? Tout simplement. Juste ça.
Juste pour voir ce qui se passerait.
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