L’histoire de l’Arlésienne, c’est celle d’un jeune homme. “Comme il était très beau, les femmes le regardaient ; mais lui n’en avait qu’une en tête, - une petite Arlésienne, toute en velours et en dentelles, qu’il avait rencontrée sur la Lice d’Arles, une fois”. Fou d’amour, il pense à elle sans cesse, jour et nuit. Les choses se passent bien. Il s’apprête à l’épouser.
L'amour, enfant de bohème
Seulement voilà, un soir, un homme vient frapper à la porte, et demande à parler au maître de maison : “vous allez marier votre enfant à une coquine, qui a été ma maîtresse pendant deux ans”, explique-t-il. “Ce que j’avance, je le prouve ; voici des lettres !… Les parents savent tout et me l’avaient promise ; mais, depuis que votre fils la recherche, ni eux ni la belle ne veulent plus de moi… J’aurais cru pourtant qu’après ça elle ne pouvait pas être la femme d’un autre”.
L’histoire d’un amour brisé, en somme ; d’un malheur amoureux. Comme il en existe des milliers.
J’étais à l’Opéra comique, hier soir, avec Julie. Je contemplais ce drame, en musique et en lecture. Je repensais au récit de George Sand La mare au diable - découvert récemment -, et qui évoque également le désespoir amoureux d’un homme, en l’occurrence, qui vient de perdre sa femme. Cette lecture m’avait fait le même effet : qu’importe l’époque, le contexte, le pays, l’entourage, l’histoire est la même : la tristesse amoureuse apparaît dans ces moments-là comme la chose la plus universelle au monde.
Rien n'est plus commun
Quand ça vous arrive, vous avez le sentiment d’être seul, d’être le premier ; pourtant rien n’est plus commun. “Chaque individu ne conçoit pas directement qu’il est homme - nul n’est homme - mais centre, but, base et fin de tout. Pas plus qu’il ne peut comprendre qu’il doit mourir, il ne peut comprendre qu’il n’est qu’un détail. Et enfin, il ne sait jamais ces choses que par raison”, écrivait Paul Valéry.
C'est à la fois dramatique, et tout à fait normal, dans le fond. Une épouvantable banalité, en quelque sorte.
L’essentiel, en tout état de cause, c’est de savoir prendre conscience de cette banalité pour mieux se relever, pour mieux repartir. Je préfère d'ailleurs l’issue de la mare au diable, ou le jeune Germain parvient à retomber amoureux (sans vous spoiler complètement L’Arlésienne).
Smile please
Bref, pour moi tout va bien, mais après cette pièce hier soir, je me sentais obligé de préciser que je vous veux heureux, chers lecteurs.
Tout ça pour dire : “l’avenir est à réinventer“, ça vaut aussi pour ceux qui vivent un chagrin d’amour.
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