L'image d'une île déserte perdue au beau milieu de l'océan, un jour de beau temps, où la mer est calme et le vent faible, renvoie immédiatement à celle d'un paradis terrestre. Dès que je perçois cette île, ces palmiers, ce sable fin et cette apparente plénitude, mon esprit l'interprète comme un lieu paradisiaque. Je n'ai même pas à me poser la question. Je ne songe pas aux moustiques éventuels, aux requins, aux serpents, aux tarentules. Ni à l'absence de nourriture ou d'eau potable. Ni à la situation caniculaire à laquelle cette image correspond sans doute.
Je me vois tranquille, allongé sur le sable, pieds nus, une légère brise caressant mon visage, le sourire aux lèvres.
Sur la plage abandonnée
Je me vois tranquille, allongé sur le sable, pieds nus, une légère brise caressant mon visage, le sourire aux lèvres.
Sur la plage abandonnée
Je ne sais pas très précisément à partir de quand l'île déserte est apparue dans l'imaginaire collectif, via la publicité. D'ailleurs, je serais très reconnaissant à @adtimes de faire un dossier sur le thème du “Paradis dans la publicité”. Je suis sûr qu'il y aurait des choses très intéressantes à ce sujet.
Cette image a sans doute fait son apparition au moment où les hommes pouvaient voyager loin, grâce à l'avion, et tenaient à s'éloigner d'un monde qui s'industrialisait un peu trop à leur goût.
“Quand l'homme essaye d'imaginer le Paradis sur Terre, ça fait tout de suite un Enfer très convenable” Paul Claudel
Pourtant, ce qui donne à cette image un caractère paradisiaque, c'est bien son côté inaccessible. Une île déserte n'appartenant à personne, sans personne, dans un “somewhere” qui est aussi un “nulle part ailleurs”. Un lieu hors de tout. Retranché.
L'impossibilité d'une île
Peut-être qu'avec le temps cette image d'île paradisiaque perdra de sa fraîcheur. Peut-être que les prochaines générations n'y trouveront plus grand chose d'intéressant, à ces lopins de terre qui ne laissent pas de place à la vie. L'image se fanera probablement, progressivement. Un lieu sans connexion Internet, c'est déjà aujourd'hui pour beaucoup un lieu infernal.
L'île en tant que telle deviendra une Saint-Hélène où l'ennui se doublera d'une solitude trop pesante pour des hommes et des femmes connectés naturellement, et depuis leur plus jeune âge.
Il n'est pas impossible que l'image change du tout au tout, pour devenir un autre lieu perdu. Celui de Gaston Bachelard, peut-être, qui affirmait : “le Paradis, à n'en pas douter, n'est qu'une immense bibliothèque”. Qui sait ?
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