Je commence à les connaître, moi, tous ces autres. Tous ces passants que je croise chaque jour. Ces mines renfrognées, ces pas pressés, ces écouteurs enfoncés, ces yeux cernés. Il y en a des gens, dans la rue, dans les faubourgs. “Tout un peuple hâtif se bouscule et se croise. Où s'en vont vos regards debout dans le métro Femme peinte de lait homme au menton d'ardoise C'est l'heure où le hasard rentre de son bureau”.
Regards et paroles échangés
Je les vois, je les regarde, je les observe tous les jours. Auparavant, on croisait les gens dans la rue ; on les y croise toujours, mais on peut aussi les croiser sur tel ou tel réseau social, désormais. On peut lire ce qu'ils racontent, écouter ce qu'ils disent.
En permanence, ces inconnus s'expriment ici ou là. “Des mots, encore des mots, toujours des mots, ces mêmes mots…”. Au flux incessant de passants succède un flux permanent de paroles. Ils commentent l'actualité, tous ces gens, parlent aussi bien du Pape que de la viande de cheval, de la météo que de la réforme de l'éducation nationale. Ils ont un avis sur tout. Ils ont surtout un avis.
Certains parlent un peu de leur vie, également. De leurs envies immédiates. De leurs désirs inassouvis.
Beaucoup conservent leurs secrets, heureusement : ils tiennent à leur mystère.
Il est rare de lire une vraie confession, même le jeudi.
De ce point de vue là, certaines choses ne changent pas.
Petites choses quotidiennes
Tous les jours, il se passe des choses. Tous les jours des espoirs naissent, des projets se construisent. Tous les jours, on attend avec impatience le printemps qui arrive, et qui amènera avec lui du renouveau, du rêve, de la chaleur.
Tous les jours, des regards s'échangent dans le métro, entre cette jeune femme et ce jeune homme. Tous les jours, ces sourires discrets. Ces plaisirs minuscules.
Oui, avec le temps, vraiment, j'ai le sentiment de les connaître, moi, tous ces autres.
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