Accéder au contenu principal

Amitiés facebookiennes


Sur Facebook, ne pas avoir d'amis, c'est ne pas exister. La solitude est proscrite, la misanthropie déconseillée. Être seul sur un réseau social correspond à une situation anormale. Le compte solitaire est immédiatement considéré inactif, donc inutile.

“Je veux qu'on me distingue ; et pour le trancher net, l'ami du genre humain n'est point du tout mon fait”. Molière

Alceste n'a pas le droit de cité. Cyrano non plus.

Tous amis. Plus ou moins. 
Au rythme où cela va, le monde comptera dans quelques temps un milliard d'amis facebookiens. Puis deux, trois, quart milliards d'amis.



Comme on le sait, les réseaux sociaux consacrent avant tout les liens faibles. La camaraderie, en somme. J'ai moi-même conscience de ne pas avoir 500 vrais amis. Ça ferait beaucoup. Mais tout de même. 

Tu veux être mon ami ? 

D'autant que l'amitié se gère sur les plates-formes communautaires. Une étude menée par l'université écossaise d'Edimbourg soulignait récemment que les membres les plus populaires (comptant un nombre d'amis élevé) étaient en moyenne plus stressés que les autres


63 % des répondants à l'enquête menée par les scientifiques écossais déclaraient prendre leur temps pour répondre aux demandes d'amitié. 32 % affirmaient qu'ils ressentaient une culpabilité ou une gêne à rejeter de telles requêtes. Et une personne sur dix soulignait même ne pas aimer recevoir de sollicitation amicale.

Best friends for ever

Les amis de mes amis sont les amis de mes amis. Point. S'ils deviennent mes amis, je devrais alors être ami avec leurs amis. Facebook met donc un terme à l'adage bien connu. 
Ce qui serait intéressant, c'est que Facebook crée un onglet “meilleur ami”. J'imagine déjà les guerres fratricides, les jalousies à la Barney Stinson. On pourrait même imaginer que Facebook décide à notre place, en fonction des relations que l'on tisse avec les uns et les autres, des informations que l'on partage, des messages que l'on poste sur nos walls respectifs…

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Derrière les mots et les images des médias sociaux

J amais il n'y avait eu de si longues périodes de silence sur mon blog. Aucun post depuis février. Je crois que j'avais besoin de prendre un peu de recul. De m'interroger aussi sur ma présence en ligne. Allez savoir si c'est l'âge - le mien, d'ailleurs, ou celui d'Internet - ou autre chose encore : mais on finit par se poser des questions sur ces mots qu'on donne à lire. C'est sans doute à force de consulter les plateformes sociales. Toutes ces images, ces vidéos, ces sourires affichés, qu'on voit quotidiennement. En sachant aussi ce qu'ils cachent. C'est notre époque : nous possédons des outils de plus en plus performants pour communiquer, mais ce que nous communiquons est souvent loin de ce qui nous anime véritablement. Souvent loin de ce que nous sommes. En résulte sans doute parfois un certain mal-être, qui est compensé par ces mêmes outils numériques nous offrant des solutions de méditation ou des cures de sommeil. C'est la montr

Puisqu'il faut vivre avec

J e ne sais même pas par où il faudrait commencer. Ce n'est finalement pas simple d'écrire face à une situation inédite, imprévisible, surprenante, historique. J'ai plutôt l'habitude de décrire ici de petits aspects du quotidien, de partager des réflexions personnelles, sans grande prétention. Soudain, le monde s'écroule. Tenir un blog en pleine crise sanitaire mondiale apparaît quelque peu illusoire.  J'écrivais pourtant, sur ce même blog, il y a plusieurs années maintenant, ce sentiment de vivre depuis ma naissance le temps des crises perpétuelles . J'entendais parler depuis toujours - du moins était-ce mon sentiment - de crise. Crise de l'éducation nationale, crise du travail, crise identitaire, crise de l'hôpital, crise écologique bien sûr, crise migratoire, crise économique, j'en passe et des meilleurs. La crise était devenue la norme. Et c'est de nouveau le cas, il me semble. Nous vivons l'époque d'une crise continue.

Ni pour, ni contre, bien au contraire

C ela fait un moment qu'aucun mot n'a été écrit sur ce blog. Les années passent. Je perds cette - bonne - habitude. Plus globalement, je partage moins mes pensées, mes envies, mes doutes sur les médias sociaux. J'ai un peu du mal à me positionner dans les débats quotidiens, un peu du mal à entrer dans l'arène des polémiques diverses, des controverses incessantes. Je n'ai plus envie ni d'être pour, ni d'être contre. Je ne réclame ni la démission d'untel, ni ne m'emballe pour le respect de la présomption d'innocence.  Je rêve de nuance, de précision, d'intelligence, de juste mesure. Je rêve de discussions, de conversations, où l'on prend autant de l'autre qu'on ne contribue soi-même à faire avancer une juste cause. Les duels exacerbés, systématiques, m'usent peu à peu. J'imagine que je ne suis pas le seul dans cette situation, à contempler sans mot dire les violentes échauffourées des plateformes sociales. Le temps de la jou