Accéder au contenu principal

J'invente, donc je suis.

“Inventer, doit ressembler beaucoup à reconnaître un air dans la chute monotone de gouttes d'eau, dans les battements du train et les coups d'une machine alternative…
Il faut, je crois, un objet, ou noyau, ou matière - vague et une disposition. 
Il y a une partie en l'homme qui ne se sent vivre qu'en créant : j'invente, donc je suis
La marche générale des inventions appartient à ce type général : une suite de déformations successives, presque continues, de la matière donnée, et un seuil - une perception brusque de l'avenir de l'un de ces états. 
Avenir, c'est-à-dire valeur utilisable, valeur significative, singularité”.

 Paul Valéry, Tel Quel

Voilà un beau texte, qui correspond bien à l'esprit de ce blog, puisqu'il s'agit à la fois d'invention et d'avenir. Seul problème, le retranscrivant, je n'invente rien. D'une certaine manière, c'est comme si j'ouvrais simplement la page d'un livre, et que je lisais celle-ci à voix haute. En espérant que quelques passants l'entendent, la comprennent à leur façon, l'interprètent et s'en souviennent. 
Tout auteur désire être lu mille fois par cent milles hommes, écrit également Paul Valéry. Je lui rends donc service, éventuellement. Mais cela me coûte bien moins d'efforts. Que dirait-il s'il me voyait, moi, cet inconnu, né presque jour pour jour 41 ans après sa mort ? S'il me voyait là, à reprendre ses mots, dans l'obscurité de ma chambre ? 
Un peu plus loin, dans le même livre, je suis tombé sur cette autre phrase, qui répond à ma question. 

“Là où je suis arrivé avec peine, à bout de souffle, un autre surgit, frais et plein de liberté, qui saisit l'idée, la détache de ma fatigue et de mes doutes, la regarde dans sa généralité, sa légèreté, jongle avec elle, s'en fait un instrument et une parure, ignore le mal et le sang qu'elle a coûté”. 

Pour me faire pardonner, je vais le lire encore un peu, ce soir, en tentant de me figurer le travail d'écriture et d'invention qu'a représenté cet ouvrage. Et en faisant le serment d'inventer à mon tour, moi-même, d'ici quelques temps, quelque chose. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Chat GPT, ou le rêve de Steve Jobs réalisé

D ans une conférence donnée en 1985 au château de Svaneholm, en Suède, Steve Jobs - alors âgé de 30 ans - a partagé l'un de ses rêves à un parterre d'éducateurs conquis. Dans le nouveau monde qui commençait tout juste à se dessiner à l'époque, l'informatique allait changer en profondeur notre rapport à l'apprentissage, notre rapport aux connaissances. Ce rêve pouvait - au cours de notre existence - se réaliser.  Steve Jobs interrogea son auditoire : "Savez-vous qui était le professeur d'Alexandre le Grand pendant environ 14 ans ?" Il marqua une pause, puis apporta la réponse, en souriant : "Aristote". Steve Jobs partagea la jalousie qu'il éprouvait alors à cette idée. La chance pour Alexandre le Grand d'avoir pu profiter de la sagesse de son maître, pendant une si longue période. Bien sûr, la pensée d'Aristote est aujourd'hui accessible à tous dans des livres. "Je peux lire ces livres", ajouta Steve Jobs, "mais