Accéder au contenu principal

Harceler une femme, ce n'est pas normal

Ce n'est pas un problème simple, qui se règle en un tour de main. J'en ai bien conscience. Mais c'est un problème majeur, qui concerne une foule de personnes. Un problème dont on parle, sans  jamais trouver de solutions véritables. Un problème qui semble insoluble, et qui mériterait l'attention pleine et entière de la classe politique aujourd'hui. 

Je peux poser la question à ma copine. Ou à n'importe quelle connaissance féminine. Ma sœur, mes amies, mes collègues de bureau. Qu'importe. La réponse sera la même. Toutes les femmes vivent, régulièrement, ces situations où un homme - voire plusieurs hommes - se permettent des remarques grivoises, insistantes, et parfois insultantes. Dans le métro, dans la rue, dans l'ascenseur, des inconnus se croient libres de dire ce qu'ils veulent aux femmes qu'ils croisent.

Filles des rues

Le site américain medium a récemment publié un dossier en ligne qui permet de mesurer à quel point le phénomène est mondial. Tous les pays sont concernés. C'est un mal de notre époque. 

Le Monde, lui aussi, est revenu sur ce sujet, récemment. "Les témoignages reçus révèlent que les hommes osent bien plus apostropher les femmes quand elles sont seules (72 % des cas) que quand elles sont accompagnées". De fait, jamais, de ma vie, je n'ai été directement témoin d'une interjection de ce type, à l'endroit d'une femme qui marchait à mes côtés. Je ne suis pourtant pas le mec le plus balaise qui soit ; mais c'est comme si les hommes (je veux dire, ceux qui sont concernés, ceux qui se permettent habituellement d'interpeller les passantes de cette façon) me respectaient, moi. 


Il faudra qu'on trouve un jour une solution à ce problème. Qu'on passe une loi, comme en Belgique, pour lutter contre le harcèlement de rue. Une insulte à une inconnue : et bim, une amende. J'aimerais voir ça, avec des policières en civil, pour piéger les relous.

Il faudra qu'on renforce les politiques d'éducation - car l'éducation, surtout, est la clé du problème, incontestablement. Nous ne pouvons pas nous contenter d'accepter que la moitié de l'humanité subisse, en 2014, des insultes quotidiennes. Quand ce n'est pas davantage.

Car encore une fois, bien entendu, c'est un sujet complexe, qui n'est qu'un aspect d'un problème beaucoup plus vaste. Mais c'est un problème qui, en soi, mérite d'être considéré pleinement.

Venger les femmes

Xavier Dolan fait en ce moment la promo de son film, encensé par la critique. 
Comme les journalistes choisissent souvent la facilité, ils l'interrogent - encore et encore, à chaque interview - sur la raison qui le pousse à accorder une telle place à la mère, et aux femmes plus généralement, dans ses films.


J'aime sa réponse : 
"Les rôles de femmes sont plus intéressants et plus profonds, souvent, que les rôles d'hommes. La femme est en quête de positionnement dans la société par rapport à sa place, à ses droits, à ses libertés. Ça donne des personnages qui m'inspirent dans l'écriture, dans ma compassion pour elles, dans mon besoin de les défendre, de les comprendre, de leur donner la parole, de les laisser crier leur désarroi, de tenter de les faire gagner". Et aussi "la place de la femme dans la société me donne envie, avec le cinéma, de la venger. C'est le propre du cinéma. On a le droit. On a tous les droits, toutes les libertés, pour gagner la bataille. Pour faire ce que la vie ne nous laisse pas faire. C'est la beauté de ce média là, je pense". 

J'espère qu'il est possible de rêver qu'un jour, cette liberté existe au-delà de la simple fiction. Dans la vie réelle. Pour de bon.

source photo : Young woman in a metro station, Tokyo, Japan, 1981.

Commentaires

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  2. Joli texte sur un gros problème qui plombe en effet grandement notre société. Je me demande combien ils sont, en proportion de la totalité de la gent masculine ...

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char