Accéder au contenu principal

Twitter et Télévision : un Avenir Commun ?


Tous les chiffres concordent, ceux des conférenciers, comme ceux des cabinets d'études ou ceux des journalistes. Le phénomène tend même à se renforcer, ces derniers mois : sur Twitter, on commente beaucoup ce qui passe à la télévision. 

Il faut dire que les responsables des chaînes ont rapidement compris l'intérêt qu'ils avaient à encourager les internautes à participer à leurs émissions. Le CSA a bien tenté, un moment, d'interdire le mot “Twitter” à la télévision - car Twitter est aussi une marque, comme Facebook, et que la loi est stricte sur ce point depuis 1992. Mais la proscription a vite été bafouée : ça devenait ridicule de parler par métonymie, à la longue. Surtout pour les chaînes d'info en continu qui passent le plus clair de leur temps à lire les tweets des autres.

Les graines du Poulailler 

Désormais, c'est Open Bar. Les journalistes et les présentateurs TV ne lésinent plus. Du "Twitter" par ici, du "tweet" et du "retweet" par là, du "hashtag" en veux-tu en voilà. Comme aux États-Unis, finalement, depuis plusieurs années. Et les twittos picorent les mots-diéses télévisuels avec avidité. Ce sont autant de graines lancées dans le poulailler.
Les gens qui ne connaissent pas Twitter - mais qui, à force d'en entendre parler, refont un essai en réactivant leur compte -, ne doivent rien comprendre de tous ces acronymes : #onpc (pour "on n'est pas couché"), #adp (pour “l'amour est dans le pré"), #dpda (pour "des paroles et des actes"), #ss7 (pour "secret story 7"), etc.


Même pour les initiés, c'est un peu pénible, parfois.

Suivre ce qui se passe, sans regarder

Mais l'avantage c'est qu'il est tout à fait possible de savoir ce qui se passe dans toutes ces émissions sans jamais allumer son poste. C'est ce que me confiait Antoine, il y a quelques années déjà. On peut aujourd'hui avoir une discussion soutenue, lors d'un dîner mondain, à propos d'une série télévisée que l'on n'a jamais regardée.
Ça me fait penser à l'excellent livre Comment parler des livres que l'on n'a pas lus (aux éditions de Minuit) que je vous recommande vivement (même si je ne l'ai jamais lu moi-même).

Les internautes aiment regarder la télévision avec la télécommande dans la main gauche et le mobile dans la main droite. C'est comme ça. (Cette phrase fait moins de 140 caractères, vous pouvez la tweeter).

Les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Et la raison en est simple : nous sommes humains (trop humains ?), et nous aimons vivre ensemble certains phénomènes de masse. Il est agréable d'échanger avec ses amis, sa famille, voire avec de parfait(e)s inconnu(e)s, à propos d'événements qui nous dépassent, en tant qu'individus. Faire partie de l'histoire, finalement. 

Vous me direz, commenter “Splash” sur TF1, ce n'est pas comme commenter la chute du mur de Berlin en direct. Et pourtant, si, je pense que c'est à peu près le même phénomène qui se produit, les mêmes ressorts qui sont à l'œuvre.

La télévision n'est donc pas morte, elle se réinvente, simplement. Il faut de l'interaction, du partage, des réactions, des échanges ; le flux incessant, uniforme, finira par lasser. Mais le fait de contribuer collectivement à l'apparition et au développement d'événements de masse continuera à exciter les foules, pendant des siècles et des siècles.

Ainsi soit-il.


Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char