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Articles

Affichage des articles du avril, 2013

Le Parapluie

En Sourdine

C almes dans le demi-jour Que les branches hautes font Pénétrons bien notre amour De ce silence profond. Fondons nos âmes, nos cœurs Et nos sens extasiés, Parmi les vagues langueurs Des pins et des arbousiers. Ferme tes yeux à demi, Croise tes bras sur ton sein, Et de ton cœur endormi Chasse à jamais tout dessein. Laissons-nous persuader Au souffle berceur et doux Qui vient à tes pieds rider Les ondes de gazon roux. Et quand, solennel, le soir Des chênes noirs tombera, Voix de notre désespoir, Le rossignol chantera. Paul Verlaine

Jouer son "Je"

J 'ai créé ce blog il y a quelques années car je voulais sortir de la léthargie de l'internaute passif qui va d'un site à l'autre en se contentant de recevoir, de lire, de voir, de consommer des contenus divers et variés. Je voulais devenir acteur, prendre ma part, jouer mon jeu . C'est ce que je m'efforce encore de faire aujourd'hui.  Prendre le temps, aussi souvent possible, de jouer ma partition. Me retrouver face à cette page blanche et y inscrire quelques mots, quelques idées. Transmettre quelque chose , quand c'est possible. À qui ? À ces personnes que ce blog m'a permis de rencontrer, à ces fidèles lecteurs qui se connectent, jour après jour, à mon blog , ainsi qu'à tous ces inconnus qui le découvriront dans les semaines, les mois, voire les années à venir. À moi, enfin, qui retrouve souvent, dans un billet du passé, une impression déjà oubliée . Cela dit, je ne sais pas si je parviens à créer ma propre mélodie . Il y a des su

Ne jamais s'asseoir près de quelqu'un, dans le bus

C 'est assez fascinant cette capacité humaine qui consiste à éviter tout contact avec autrui . Moi qui prend le bus quotidiennement, j'observe le même phénomène , jour après jour. Une personne entre, par la porte avant, valide son pass navigo, puis relève la tête et balaye du regard l'intérieur du véhicule. Le calcul cérébral qui s'opère alors répond toujours à la même logique : où se trouve la place la plus isolée ?  Distance de sécurité En une ou deux secondes, le choix est fait.  C'est une forme de don . Les moins mathématiciens d'entre nous sont tout à fait capables de mesurer d'un simple regard l'espace entre chaque siège, la distance entre chaque passager, pour repérer la place idéale. Le problème que pose l'instituteur à l'élève de CM2 ne devrait pas concerner le remplissage d'une baignoire - tout le monde s'en fout de ça, on voit bien que la baignoire est remplie, ou non. Non, ce qu'il faudrait, idéalement, c&

Le Kiff

T out le monde connaît ce sentiment . On se retrouve au printemps, à la terrasse d'un café parisien, au soleil ; le serveur vient d'apporter ce verre, et cette petite coupelle où quelques olives pimentées luisent dans le rayon lumineux ; il y a ces passants heureux, dans la rue, souriants, sur leur 31 printanier. Un ami vous rejoint bientôt. Vous portez le verre à vos lèvres.  Là, à cet instant précis , alors que votre visage baigne dans le soleil du soir, et qu'une légère brise caresse vos cheveux, vous ressentez monter ce quelque chose en vous : c'est le kiff. Nirvana du quotidien Il y a mille façons d'atteindre ce nirvana-là, ce bonheur du quotidien. Pour certains, c'est la montée d'adrénaline, quand ils sautent en parachute. Pour d'autres, c'est la puissance de la musique, quand le doigt augmente le volume. Pour d'autres encore, c'est le baiser inattendu , soudain, presque volé, et le frisson qu'il fait naître le long

Dessein de quitter une Femme

B eauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine  A comme l'Océan son flux et son reflux : Pensez de vous résoudre à soulager ma peine, Ou je me vais résoudre à ne la souffrir plus. V os yeux ont des appas que j'aime et que je prise, Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté : Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise, Il leur faut de l'amour autant que de beauté. M adame, songez-y, vous perdez votre gloire De me l'avoir promis et vous rire de moi, S'il ne vous en souvient vous manquez de mémoire, Et s'il vous en souvient vous n'avez point de foi. Q uand je pense être au point que cela s'accomplisse, Quelque excuse toujours en empêche l'effet : C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse, Dont l'ouvrage du soir au matin se défait. J 'avais toujours fait compte, aimant chose si haute, De ne m'en séparer qu'avecque le trépas, S'il arrive autrement ce sera votre f

Cause

Le jour où la machine se surpassera

O n n'arrête pas le progrès. D'ici quelques années - quelques décennies peut-être -, les “nouvelles technologies” atteindront des sommets. En discutant avec Philippe Torres  de ce sujet, tout cela devient  vite concret. On entre dans une conversation où la science-fiction devient réalité : des puces de plus en plus intelligentes, se rapprochant des capacités du cerveau humain, à l'horizon 2030. C'est-à-dire demain . Le dépassement humain Le jour où la technologie pourra, d'elle-même, se mettre à jour, se perfectionner, corriger ses failles, lancer de nouveaux travaux, choisir un axe de développement, voire… se dépasser.  Jusque là, le dépassement  était une faculté humaine, uniquement. Cette aptitude à se donner à fond, à puiser dans des ressorts insoupçonnés, c'est très humain, cela. C'est ce qu'il y a de si beau dans le sport, notamment. Regarder des joueurs de tennis au bout de leurs forces, dans un nuage de terre battue, après plusi

Promenade à seize ans

L a terre souriait au ciel bleu. L'herbe verte De gouttes de rosée était encor couverte. Tout chantait par le monde ainsi que dans mon cœur. Caché dans un buisson, quelque merle moqueur Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n'y songeais guère. Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre Du matin jusqu'au soir, je ne sais plus pourquoi. Elle cueillait des fleurs, et marchait près de moi. Je gravis une pente et m'assis sur la mousse À ses pieds. Devant nous une colline rousse Fuyait sous le soleil jusques à l'horizon. Elle dit : “Voyez donc ce mont, et ce gazon Jauni, cette ravine au voyageur rebelle !” Pour moi, je ne vis rien, sinon qu'elle était belle. Alors elle chanta. Combien j'aimais sa voix ! Il fallut revenir et traverser le bois. Un jeune orme tombé barrait toute la route ; J'accourus ; je le tins en l'air comme une voûte Et, le front couronné du dôme verdoyant, La belle enfant passa sous l&

Vous êtes stressé en ce moment ?

D ans les moments où je vais particulièrement bien, où rien ne peut m'arriver, où aucun impératif immédiat ne vient contrecarrer mes plans d'oisiveté, où je suis libre, en somme, de faire ce que je veux, voire - ce qui est mieux - de ne rien faire , il m'arrive souvent de penser à ceux qui, quelque part sur cette terre, sont confrontés à une situation particulièrement stressante. Ce n'est pas un réflexe général : je veux dire par là que je ne pense pas aux affamés quand j'attaque avec appétit un buffet à volonté, ni aux insomniaques quand je m'éveille après une nuit parfaitement reposante. Je ne suis pas cruel , ou du moins pas excessivement.  Le stress, calmement Mais penser à des situations de stress quand rien ne vous angoisse est assez agréable. On peut arrêter d'y songer dès qu'on le souhaite, se rassurer en quelques secondes, mesurer le ridicule de certains états d'inquiétude exagérée… Réfléchir à cette tension, à tête reposée.

Mer agitée, localement forte.

F in de semaine. Changement de saison. Une étrange luminosité. On ne sait pas bien quel temps il fait, ni comment se vêtir exactement. Il se met à pleuvoir, assez fort, puis ça s'interrompt, et ça recommence de plus belle. C'est une période singulière. Les jambes ne sont pas encore nues sous les jupes, les chemises pas encore tout à fait ouvertes au col. Les mines pas tout à fait réjouies. Comme si tout le monde était en plein jet lag .  Le monde entier lost in translation .  On me rétorquera peut-être que c'est le destin du commun des mortels : les hommes errent en permanence, sans savoir d'où ils viennent, et encore moins où ils vont. Tout le monde a fini par comprendre que tout cela ne rimait à rien, au fond, et que le mieux était encore de tomber amoureux et de vivre aussi paisiblement que possible. Météo marine Étrange luminosité, donc, mais plutôt douce atmosphère. Des sensations me reviennent, de l'enfance. Je me souviens de la voix féminine qu

Les temps sont durs, soyons confiants

N ous vivons le temps de la crise perpétuelle . J'écrivais cela sur mon blog il y a plus d'un an. Apparemment, c'est toujours vrai. La crise, encore et toujours . L'agitation, le scandale, l'opprobre, la colère, la défiance… Une époque formidable, en somme. Une époque qui semble avoir besoin d'un justicier : un Batman réinventé, en quelque sorte. J'étais hier soir au théâtre pour voir La Chute  d'Albert Camus. C'était dans une petite pièce sombre, dans le XIXe arrondissement de Paris. J'étais au premier rang, face à l'acteur. J'écoutais chaque mot avec une attention particulière. Le jugement dernier Certains passages de ce monologue faisaient écho à l'actualité du moment : “ tous cancres, tous punis, crachons-nous dessus, et hop ! au mal-confort ! C'est à qui crachera le premier, voilà tout. Je vais vous dire un grand secret, mon cher. N'attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les jours ! ”. 

Bouffons les bouffons

Parce que c'est de la poésie, et que nous sommes lundi. #LundiPoésie

Love Song

S'efforcer d'être admirable

“ J 'ai décidé d'être admirable en tout, pour tout ”.  Cette phrase, écrite par Edmond Rostand pour son personnage de Cyrano, doit nous inspirer.  L'actualité nous rappelle cet impératif : le meilleur moyen , sans doute, de ne pas se laisser entraîner dans je-ne-sais-quelle “spirale du mensonge”, est encore de s'efforcer d'être admirable en permanence. Brevet d'admirabilité C'est peut-être légèrement excessif, comme position. L'homme aime prendre des risques, autant que l'enfant aime jouer avec le feu. L'inavouable est tentant . Il est bon d'avoir ses secrets.  C'est d'ailleurs dans la faille que se trouve le charme, dans le défaut que se situe la séduction. À vouloir être trop parfait, on devient vite fade et agaçant. Comme ces gens qui sont persuadés d'avoir toujours raison . N'est pas super-héros qui veut, en somme. Mais s'efforcer d'être à tout le moins  quelqu'un de bien , de t

Sonnet

Au moins ai-je songé que je vous ai baisée, Et bien que tout l'amour ne s'en soit pas allé, Ce feu qui dans mes sens a doucement coulé, Rend en quelque façon ma flamme rapaisée. Après ce doux effort mon âme reposée, Peut rire du plaisir qu'elle vous a volé, Et de tant de refus à demi consolé, Je trouve désormais ma guérison aisée. Mes sens déjà remis commencent à dormir, Le sommeil qui deux nuits m'avait laissé gémir, Enfin dedans mes yeux vous fait quitter la place. Et quoiqu'il soit si froid au jugement de tous, Il a rompu pour moi son naturel de glace, Et s'est montré plus chaud et plus humain que vous. Théophile De Viau (1623)