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Articles

Affichage des articles du février, 2013

iWatch : a first look

Métro, Boulot, Réseaux sociaux

J e commence à les connaître, moi, tous ces autres. Tous ces passants que je croise chaque jour. Ces mines renfrognées, ces pas pressés, ces écouteurs enfoncés, ces yeux cernés. Il y en a des gens, dans la rue, dans les faubourgs. “ Tout un peuple hâtif se bouscule et se croise. Où s'en vont vos regards debout dans le métro Femme peinte de lait homme au menton d'ardoise C'est l'heure où le hasard rentre de son bureau ”.  Regards et paroles échangés Je les vois, je les regarde, je les observe tous les jours. Auparavant, on croisait les gens dans la rue ; on les y croise toujours, mais on peut aussi les croiser sur tel ou tel réseau social, désormais. On peut lire ce qu'ils racontent, écouter ce qu'ils disent.  En permanence, ces inconnus s'expriment ici ou là. “ Des mots, encore des mots, toujours des mots, ces mêmes mots… ”. Au flux incessant de passants succède un flux permanent de paroles . Ils commentent l'actualité, tous ces gens, parl

Une bonne fortune

I l ne faudrait pourtant, me disais-je à moi-même, Qu'une permission de notre seigneur Dieu, Pour qu'il vînt à passer quelque femme en ce lieu. Les bosquets sont déserts ; la chaleur est extrême ; Les vents sont à l'amour l'horizon est en feu ;  Toute femme, ce soir, doit désirer qu'on l'aime. S'il venait à passer, sous ces grands marronniers, Quelque alerte beauté de l'école flamande, Une ronde fillette, échappée à Téniers, Ou quelque ange pensif de candeur allemande : Une vierge en or fin d'un livre de légende, Dans un flot de velours traînant ses petits pieds ; Elle viendrait par là, de cette sombre allée, Marchant à pas de biche avec un air boudeur, Écoutant murmurer le vent dans la feuillée, De paresse amoureuse et de langueur voilée, Dans ses doigts inquiets tourmentant une fleur, Le printemps sur la joue, et le ciel dans le cœur. Elle s'arrêterait là-bas, sous la tonnelle. Je ne lui dirais

Je ne veux pas quitter

Se connecter à Internet, la nuit tombée

C e billet de blog s'adresse à celles et ceux qui, la nuit tombée, refusent de s'endormir, ou peinent simplement à trouver le sommeil. Les insomniaques, mais aussi tous ces surfeurs du soir, qui ne peuvent s'empêcher de faire un dernier petit tour sur la Toile avant de se coucher ; et qui finissent par s'y empêtrer - dans la Toile - des heures durant. Internautes somnambules On commence par checker Facebook, ou par scroller son fil d'actualité sur Twitter, et on y est encore deux heures plus tard , sans trop savoir pourquoi. On jette un œil à son smartphone, posé sur la table de nuit, afin de vérifier que l'on a bien programmé le réveil, et l'on se trouve absorbé par telle ou telle application, jusqu'à deux ou trois heures du matin. merci au Publigeekaire pour la trouvaille À ceux qui, comme moi, bien souvent, payent au réveil le prix de ces errements nocturnes ; mais qui recommencent malgré tout, chaque soir, sans se soucier du lendemain

L'aube aiguise nos rasoirs

L 'aube aiguise nos rasoirs Nous débitons alors Le monde en tranches fines Et nous nous étonnons Lorsque descend le soir Du mal qui s'enracine Par notre seul vouloir Plutôt que de rêver Nous cherchons à comprendre  Et à la fin du jour Plutôt que d'aimer Il nous plaît d'apprendre Des poèmes d'amour Jacques Herman

Deux journées ensoleillées

D eux belles journées, avec ce soleil d'hiver. Deux journée où l'on sent poindre le printemps. Comme un premier frémissement , un signe qui se faisait attendre et qui arrive soudain, au détour d'un week-end. Deux journées qui suffisent à vous redonner l'envie de parcourir les rues, les jardins parisiens, deux journées pour croiser des inconnus et prendre le temps de lire de belles choses : “ Ô la nostalgie à retrouver de vieille cartes postales Où le ciel est toujours bleu l'arbre toujours vert la mer étale Sans doute on ne les met dans l'album que pour les photographies Je suis seul à savoir ce que l'écriture au dos signifie  Les diminutifs les phrases banales ” On se retrouve là, avec sa vie en bandoulière, laissant les rayons du soleil glisser des cheveux au visage, ramenant avec eux des souvenirs diffus : à 26 ans, on peut commencer à compter ses printemps . Les changements de saison ne sont plus anodins, ni innocents. Ils sont chargés d'

Sous les jupes des filles

Sans vos likes, ce billet de blog n'existerait pas

V ous souvenez-vous de cette époque lointaine où le like facebookien n'avait pas encore été inventé ? On finit par l'oublier : au départ, Facebook ne permettait pas de liker à tout-va. Il était impossible de savoir si tel ou tel ami avait lu tel article, vu telle vidéo, découvert tel site, appris telle nouvelle. À moins, bien sûr, de le lui demander directement. C'était il y a quatre ou cinq ans. Peut-être un peu plus. Nous vivions paisiblement sur les terres vierges de ce nouvel eldorado : les médias sociaux. Comme les pionniers américains, nous dessinions jour après jour une “ nouvelle frontière ” , progressant innocemment dans cet univers inconnu et merveilleux. Sous dépendance Aujourd'hui, nous “likons”, nous “tweetons”, nous “plussoyons”, nous “épinglons”… chaque réseau social comporte ses propres boutons ; et la plupart des blogueurs, soucieux de donner à chaque billet sa chance, intègrent cet arsenal d'outils de partage dans le code-source de

Médias sociaux : nous sommes tous nombrilistes

O n reproche aisément aux blogueurs - et à la plupart des internautes, d’ailleurs - d’être narcissiques. Nous sommes tous nombrilistes , d’une certaine façon. C’est le cas, a fortiori , quand nous prenons le temps de soigner notre profil Facebook.  Que celui qui n’a jamais été un peu inquiet, en recevant une  notification sur son téléphone lui indiquant qu’il avait été taggué sur une photo mise en ligne, me jette la première pierre. C’est devenu un phénomène généralisé : le nombrilisme naturel des Hommes se trouve renforcé ces dernières années par les médias sociaux. Voici que nous montrons tous notre nombril aux yeux du monde.  Sur Facebook, Twitter, LinkedIn, Google, sur Pinterest ou sur Instagram, nous exhibons certains aspects de notre image et de notre personnalité.  Veuillez décliner Nom, Prénom et nombril Certains sont devenus experts en personal branding : leur nom est devenu une marque . Leur nombril est devenu une marque de fabrique. Leurs amis facebookiens s

Tant je l'aimais qu'en elle encor je vis

T ant je l'aimais qu'en elle encor je vis Et tant la vis, que malgré moi, je l'aime Le sens, et l'âme y furent tant ravis, Que par l'œil fault, que le cœur la désaime. Est-il possible en ce degré suprême Que fermeté son oultrepas révoque ? Tant fut la flamme en nous deux réciproque Que mon feu luit, quand le sien clair m'appert, Mourant le sien, le mien tôt me suffoque, Et ainsi elle, en se perdant, me perd. Maurice Scève

Seuls les fous changent le monde

“ E t c'est une folie à nulle autre seconde, de vouloir se mêler de corriger le monde”. Cette phrase,  prononcée par Philinte dans Le Misanthrope , sonne assez juste finalement.  Oui, c'est certain, il faut être fou pour  changer le monde, fou pour chercher à l'améliorer sans cesse, fou pour vouloir le réinventer . Fou pour ne pas se contenter de vivre simplement, et en somme confortablement. Fou pour espérer de nouveaux progrès, de nouvelles avancées, de nouveaux changements. Fou pour être optimiste quand la crise est partout, fou pour ne pas avoir peur de l'avenir, fou pour ne pas sombrer dans le désespoir, cette “maladie mortelle”.  Grands fous Mais combien de fous, déjà, ont existé ? Combien d'insensés sont parvenus - et dans des circonstances autrement plus complexes - à changer l'ordre des choses ? Il faut penser à cette foule d'hommes et de femmes, célèbres ou anonymes, qui ont partagé cette douce et saine folie . Et se poser

Le chemin du Whatever

C ertaines situations nous dépassent, parfois. Plutôt que de tomber dans un état de profonde tristesse ou de lourd désarroi, plutôt que de céder aux énervements brutaux, voire à la colère, il est sage d’opter pour le chemin du whatever .  I just don't give a fuck C’est une façon de prendre une certaine distance par rapport aux choses. Ne pas se laisser heurter, blesser, troubler. Ne pas subir les événements, ne pas endurer les malheurs quotidiens, ne pas éprouver la dureté de l’existence. Garder son calme (“keep calm”) et manger du chocolat, par exemple. Accepter le problème, la révélation, l'échec, la prise de conscience, mais ne pas se laisser abattre pour autant. Qu’importe ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent, ce qui se passe, ce qui advient, ou ce qui risque d’arriver ! Tout cela ne peut m’atteindre si j’emprunte la voie du whatever. C’est la sagesse à l’état pur , la sérénité absolue, imperturbable, la tranquillité de l’âme. Le graal philosophiq

Paperman

Le silence uni de l'hiver

L e silence uni de l'hiver est remplacé dans l'air par un silence à ramage ; chaque voix qui accourt y ajoute un contour, y parfait une image. Et tout cela n'est que le fond de ce qui serait l'action de notre cœur qui surpasse le multiple dessin de ce silence plein d'inexprimable audace. Rainer Maria Rilke (photo :  © Rodolphe Sebbah )

Traverser l'existence

B ien souvent, quand on pense à la vie, on se figure un voyage, un cheminement . On vient de quelque part, on va vers je-ne-sais-où. Comme s'il s'agissait de traverser l'existence , de long en large. Comme si tout n'était que passage, périple, trajectoire. Quelquefois, on s'arrête un instant pour mesurer le segment derrière nous, ou pour entrevoir la suite : ce point de fuite qui s'efface à l'horizon. “I feel like I'm walking a tight rope, without a circus net”. Eminem L'homme marche sur une brèche, en équilibre. Ce que l'on ignore, au début, c'est à quel point cette ligne se transforme en pointillés ensuite. Ce sentiment de ne plus très bien savoir où l'on se trouve, ni pourquoi : cette impression de rêver sa vie . Voyage existentiel Le présent, tel qu'il est, dépend de tellement d'événements, de bizarreries, d'étrangetés. Un voyage dans le temps permet de s'en rendre compte rapidement ( à lire ici ). Tout pourr