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Articles

Affichage des articles du mai, 2012

Juste en bas de chez moi

Cette photographie de Richard Vantielcke fait partie d'une série d'images - appelée “ Urban Oasis ” - toutes  prises de nuit, et qui rendent hommage aux petits commerçants ouverts quand les autres enseignes sont fermées.  Comme par hasard En l'occurrence, le hasard fait qu'il s'agit aussi d'une photographie de l'épicerie qui était en bas de chez moi, rue Gay-Lussac. Et puisque le hasard fait, paraît-il, bien les choses, je me disais qu'il était naturel d'en faire un billet de blog. Cette petite épicerie, lieu-phare de mon enfance - et pour cause -, me renvoie à ces soirs où j'allais chercher une bouteille de lait, ou je-ne-sais-quoi d'autre, juste en bas . Je me souviens aussi, bien sûr, du boulanger d'en face. J'avais six ou sept ans, je prenais “le porte-monnaie de la famille” (formule consacrée), petit porte-monnaie en cuir qui contenait dix ou vingt francs. Je descendais quatre-à-quatre les escaliers de l'imme

La quadrature du cercle vicieux

C e qui est particulièrement diabolique, dans les cercles vicieux, c’est la logique qui en découle. Le mécanisme pervers apparaît évident, autant que pernicieux. La spirale est malsaine, mais elle semble tout à fait cohérente. Ainsi, découvrir un cercle vicieux, c’est prendre conscience en même temps du caractère dramatique et irréversible d’une situation. Et là, c'est le drame Comme lorsque l’on comprend, au cours d’une tragédie, que l’auteur nous emmène délibérément vers une issue fatale.  “Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux”.  Ionesco C’est le scénario du film de Stanley Kubrick Dr. Strangelove , pour nous alerter sur le risque  d’une course à l’armement nucléaire. C’est le dilemme cornélien ( “oh Dieu, l’étrange peine ! En cet affront, mon père est l’offensé, et l’offenseur le père de Chimène !” ). Ce sont tous ces rouages funestes qui conduisent au pire. Nombre de faits divers sont le fruit d’un cercle vicieux. oui, je sais, cette image est

À la promenade

Le ciel, si pâle et les arbres si grêles Semblent sourire à nos costumes clairs Qui vont flottant légers, avec des airs De nonchalance et des mouvements d'ailes. Et le vent doux ride l'humble bassin, Et la lueur du soleil qu'atténue L'ombre des bas tilleuls de l'avenue Nous parvient bleue et mourante à dessein. Trompeurs exquis et coquettes charmantes, Cœurs tendres, mais affranchis du serment, Nous devisons délicieusement, Et les amants lutinent les amantes, De qui la main imperceptible sait Parfois donner un soufflet, qu'on échange Contre un baiser sur l'extrême phalange Du petit doigt, et comme la chose est Immensément excessive et farouche, On est puni par un regard très sec, Lequel contraste, au demeurant, avec La moue assez clémente de la bouche. Verlaine

Faire partager un instant

Il y a deux ans, sur ce blog, j'affirmais vouloir raconter des détails de ma vie . Figer des instants, exactement comme on le fait sur Instagram  en prenant une photo avec son mobile, au détour d'un chemin ou à la sortie d'un métro : comme ça, sur le vif, sans se poser de questions. Capturer un moment, puis le mettre en ligne, comme on inscrit quelques mots sur un papier avant de le glisser dans un coffre, pour le retrouver deux ou trois ans plus tard , en rangeant. Vivre comme on rêve Bien sûr, tout cela demeure très personnel . Je suis le seul à savoir précisément - aussi précisément que possible, d'ailleurs - ce que je ressentais à tel ou tel moment, en prenant telle ou telle photo, en écrivant tel ou tel billet. Avec le temps, on oublie beaucoup, on s'y perd un peu. Il est rare d'avoir quelqu'un de suffisamment proche pour vous confirmer la manière dont vous avez vécu un instant déterminé. Et il n'est pas aisé de transmettre une impression

Les idées des autres

J e pense souvent à tous ceux qui m'ont précédé, tous ces autres qui, avant moi, ont vécu, inventé, créé, construit. Tous ces autres à qui je dois tant. Sur le fronton du Panthéon, il y a cette formule, que j'ai pu lire tant de fois : “AUX GRANDS HOMMES, LA PATRIE RECONNAISSANTE”. Je pense à eux, en écrivant ces lignes, ainsi qu'à tous les autres, qui ont contribué à faire progresser l'humanité. Derrière chaque objet, derrière chaque chemin, derrière chaque construction, il y a un homme ou une femme. Derrière chaque idée, il y a une conscience . Dès que vous voyez une lettre, un signe, un chiffre, imprimé quelque part, pensez qu'une personne a tapé cette lettre sur un clavier, un jour. On doit beaucoup à d'autres que nous Grâce à d'autres, je vis dans un pays libre, où les pouvoirs s'équilibrent, où l'opposition peut s'exprimer, où le peuple vote, où la presse n'est pas bâillonnée. D'autres que moi, bien avant ma naissance,

En campagne avec soi-même

L a campagne électorale, longue, âpre, éprouvante, s'achève. Calme plat. Calme républicain . Le protocole se charge de rassembler un peuple, de faciliter la transition. La mémoire commune nous réunit : peu importe le parti, l'opinion, quand nous songeons à celles et ceux qui sont morts pendant les grandes guerres du siècle précédent. La politique s'incline toujours face à l'Histoire . Dans quelques jours, une nouvelle ère va s'ouvrir. L'alternance . Comme une respiration démocratique. Tout ce processus - la campagne, les débats, l'élection, les cérémonies - me font prendre conscience que la France est aussi une machine, avec ses rouages. Un corps , dont les institutions sont autant d'organes vitaux. Président de son propre corps électoral Le rythme des élections change simplement la donne. Le corps humain n'a pas besoin de se réorganiser tous les cinq ans. Ce serait étrange de s'appliquer à soi ce que l'on applique au pays. J

So far

J e me souviens d'un après-midi à Lille, dans une salle de Sciences-Po, préparant un oral blanc. Pas n'importe lequel, d'ailleurs : celui que l'on appelle le Grand O . Étape indispensable, passage obligé, rite initiatique. Une trentaine de minutes pour démontrer ce que l'on vaut . Nous étions cinq ou six, attablés à différents coins de la pièce, avec nos feuilles de brouillons jaunes ou mauves, nos stylos bic, et notre anxiété respective. Dans la même salle, un élève passait face à notre prof de sociologie. Pour ma part, je devais plancher sur le sujet suivant : “ le travail et la réalisation de soi ”. Ce souvenir est d'actualité, donc, puisque nous sommes aujourd'hui le 1er mai. Jusqu'ici, tout va bien J'ai oublié ce que j'ai raconté ce jour-là. Sans doute en partie tout et n'importe quoi . C'est aussi ça, l'exercice : montrer que l'on peut s'exprimer sur n'importe quel sujet. Une amie présente dans la salle