Accéder au contenu principal

Chewing gum

Il y a relativement peu d'interdits, quand on y pense, dans le système scolaire public. Pour autant que je m'en souvienne - et cela remonte à quelques années à peine, donc mes souvenirs sont encore valables, normalement -, on ne m'a jamais tellement défendu de faire quoi que ce soit quand j'étais au collège. Bien sûr, il faut savoir respecter ses enseignants, et ses petits camarades. Mais au fond, on est assez libre. Il y a néanmoins un réel interdit qui, maintenant que j'y pense, prend une place prépondérante dans le cadre d'une salle de cours : le chewing gum.

Surveiller et punir

Je n'ai jamais été un grand fan des gommes à mâcher (et j'ai été traumatisé par l'un des personnages de Charlie et la Chocolaterie, cette petite peste qui mâche et remâche en permanence),  mais tout de même. N'est-ce pas surprenant d'interdire ce plaisir simple aux élèves ? Bien entendu, certains détails techniques posent problème : il faut éviter que les chewing gum ne soient délicatement déposés, après usage, sous les tables de la classe. Certes. Mais d'autres réponses que l'interdiction brutale et définitive sont envisageables. Enfin, j'imagine.
Et si je me mets à penser à cela, c'est tout simplement parce que j'ai récemment lu un article du quotidien britannique The Guardian selon lequel le chewing gum pouvait renforcer la concentration des élèves en classe.
"The positive effect of chewing probably lies in the fact that the part of the brain in the brainstem that keeps us alert is constantly stimulated, as a result of which the attention level rises, as does the flow of blood to the brain and with it the ability to learn", Siegfried Lehrl, scientist at the University of Erlangen.
Comme ça, vous voyez que je n'invente rien. Les chewing gum augmentent l'attention de près de 35 %, selon cette même source. Un collège allemand a ainsi autorisé le masticage, à condition que les mâcheurs respectent quelques règles : jeter les chewing gum à la corbeille et toujours mâcher la bouche fermée.


Eveiller l'attention
Je ne rêve pas nécessairement d'un monde où tout serait permis, où il serait interdit d'interdire, etc. D'autres générations avant moi ont déjà suivi ce chemin. 
En revanche, j'aime l'idée que certaines règles finissent par sauter par manque de pertinence. C'est aussi de cette façon que l'on réinvente l'avenir. En cessant de se dire : ça ne peut pas être autrement, car ça a toujours été ainsi. Le chewing gum est sur ce point éminemment symbolique, bien sûr. 

Par ailleurs, cette notion de l'attention éveillée est pour moi essentielle.

Rester concentré
La concentration est l'un des éléments les plus déterminants dans toute réussite. Rester focalisé, attentif, ne pas se disperser. Il est toujours plus facile de distraire son esprit que de le concentrer. Savoir cibler son attention sur un point en particulier, pendant une durée conséquente, est le meilleur moyen de réussir, de mettre les chances de son côté. 
C'est l'un des enseignements fondamentaux du tennis, d'ailleurs. La plupart du temps, on sait quand on rate un coup, on ressent pourquoi. On sait ce qu'il faudrait changer. On sait comment servir au mieux. Et pourtant, on continue de faire des erreurs, les mêmes erreurs. Pourquoi ? Car les corriger implique un réel effort de concentration.
Cela étant, nous venons de perdre la Coupe Davis. Et ce n'était pas simplement affaire de concentration bien entendu. Il y a aussi la chance, la forme physique, la puissance du public, ou encore l'espoir suscité par le déroulement du match. 

Commentaires

  1. Je lis ce billet avec beaucoup d'attention : j'ai lu dans un Larousse proposant de booster les neurones le conseil d'effectivement mâcher du chewing-gum, faisant référence à une étude américaine... dont les scientifiques étaient très liés aux fabriquants... Ceci pouvant expliquer cela ?
    En ce qui me concerne, prendre un chewing-gum en conduisant sur de longues distances m'empêche la baisse de vigilance...

    RépondreSupprimer
  2. Les étudiant américains machent en cours. En France, on trouve que cela fait vulgaire.

    Souvenirs de profs qui en faisait presque une défense de la patrie française " mais vous ressemblez à des veaux américains en machant comme ça" " ici, c'est pas l'Amérique, etc".

    Bon début sur le chouine gome, je ne comprends pas trop ce que la coupe Davis vient y faire.

    Pour le plaisir je repense à cette pique de Lyndon Johnson au sujet de Gerard Ford,
    " Ce dernier le décrivait également comme quelqu'un qui était incapable de faire deux choses en même temps comme marcher et mâcher un chewing-gum". Merci Wiki et au prof d'anglais qui un jour m'en avait fait la remarque au lycée.

    Enfin, le Chewing Gum n'aide pas tjs à la concentration à mon humble avis. Ca détend les maxillaires et c'est déjà pas mal.

    Marki Rollmops

    RépondreSupprimer
  3. Le lien avec la Coupe Davis est mince, je le concède. Je souhaitais simplement aborder la question de la concentration, et non seulement celle du chewing gum en tant que tel. :)

    RépondreSupprimer
  4. J'aime bien, j'aime beaucoup, l'idée de repenser de temps en temps les interdits... Et les clichés comme chewing gum = vulgaire = américain !

    Mais aussi les impératifs : concentration = réussite, heu ??? T'es sûr ? Refaire les mêmes erreurs "par manque de concentration" ? à voir...

    Et si mâcher du chewing gum permettait de laisser aller son esprit dans des divagations qui mènent à la créativité ou à une réflexion, jusqu'à, par exemple, réinventer l'avenir ?

    ("On" dit souvent que les mâcheurs de chewing gum ressemblent à des ruminants, on dit aussi de quelqu'un qui est dans ses pensées "qu'est-ce qu'il rumine ? " Il pense, quand il panse...)

    RépondreSupprimer
  5. On peut très bien être concentré tout en étant créatif. Je crois que tout art, toute réussite, implique une forme de concentration oui.

    Divaguer, oui. Mais sans se perdre totalement. :)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

L'image parle d'elle-même

35 % des Français interrogés par TNS Sofres  (en juin 2012) affirment avoir déjà posté plus de 100 photos en ligne. Un chiffre parmi d'autres, bien sûr, mais qui illustre assez bien notre époque : celle de la prééminence de l'image . La photographie avait déjà une place de choix dans les années 1980 ou 1990, c'est certain, mais elle est devenue une pièce maîtresse de la conversation .  L'image, élément de langage Comme le souligne très justement André Gunthert dans cet article  (que je vous recommande) : “ pour la première fois de son histoire, la photographie traditionnelle est devenue une pratique de niche au sein d'un univers plus vaste, structuré par les mobiles et les réseaux sociaux : l'image communicante ”. Et de rappeler qu'en France, en 2011, il se vendait 4,6 millions d'appareils photographiques (deux fois plus qu'à la fin des années 1990) contre 12 millions de smartphones. Le mobile et les réseaux sociaux sont de fait les

Remplacer “Week-End” par un mot français

T ous les lundis, on trouve des gens pour se plaindre . Et tous les vendredis, des gens pour se réjouir. C'est devenu habituel, commun, systématique. Des sites ont même été créés dans cet esprit.  http://estcequecestbientotleweekend.fr par exemple. Bien entendu, il y a des exceptions . Il y a des gens qui ne travaillent pas, ou des gens qui travaillent à temps partiel, voire des gens qui travaillent uniquement le week-end. Cela étant, on retrouve quand même ce rythme, éternel.  Ce qui est assez fou, quand on y pense, c'est que depuis le temps, personne n'a été capable en France de trouver un nom pour désigner le week-end . On utilise ce terme 150 fois par an, dans nos conversations, sans chercher à le remplacer par une expression made in France .  Bientôt le SamDim “Fin de semaine”, la traduction littérale de “week-end” désigne finalement le jeudi et le vendredi, dans le langage courant. Il faut donc trouver autre chose :  Je propose Samdim

Tu es mon amour depuis tant d'années

T u es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme un volet de buis, Une extrême chance compacte Est notre chaîne de montagnes, Notre comprimante splendeur. Je dis chance, ô ma martelée ; Chacun de nous peut recevoir La part de mystère de l'autre Sans en répandre le secret ; Et la douleur qui vient d'ailleurs Trouve enfin sa séparation Dans la chair de notre unité, Trouve enfin sa route solaire Au centre de notre nuée Qu'elle déchire et recommence. Je dis chance comme je le sens. Tu as élevé le sommet Que devra franchir mon attente Quand demain disparaîtra. René Char